Le Qatar, grand argentier du terrorisme sahélien ? Une fuite de document révèle le versement de 15 millions de dollars aux groupes djihadistes sahéliens par l’émir du Qatar en 2011. Lumière sur le rôle de l’émirat, agent de déstabilisation en Afrique de l’Ouest.
La fuite d’un document secret, daté d’avril 2011 jette une lumière crue sur le rôle du Qatar dans l’expansion de l’extrémisme violent au Sahel. Signée du ministre de l’Economie et des Finances du Qatar alors en poste à destination de la Directrice de cabinet de l’émir du Qatar, elle fait état d’un versement d’une somme de 15 millions de dollars aux mouvements islamistes du nord du Mali et à une entité du Sahel.
« Je souhaite me référer à la lettre de votre Excellence (da-49-2011) du 4 avril 2011, qui comprend les directives estimées de Son Altesse, l’émir du pays, concernant l’envoi d’un soutien monétaire urgent aux mouvements d’opposition islamiques dans le nord du Mali, et à l’organisation du Sahel et du Sahara d’un montant de 15 millions de dollars américains ».
« Cette somme doit être distribuée en connaissance de cause par le service de sécurité de l’État, représenté par M. Abdullah bin Hamad Al-Nue’eimi, dans la section du soutien humanitaire. Je souhaite informer Votre Excellence que, dans le cadre de la mise en œuvre des directives estimées, la somme de l’aide en espèces, d’un montant de 15 millions de dollars américains, a été remise au service de sécurité de l’État représenté par M. Abdullah bin Hamad Al-Nue’eimi », ajoute la lettre.
Le Qatar, agent de déstabilisation en Afrique de l’Ouest
Tout aurait débuté avec la chute de Mouammar Kadhafi provoquée par une intervention de l’OTAN. En 2011, les groupes terroristes islamiste, jusqu’ici contenus par l’or de l’ancien Guide libyen, profitent de la déstabilisation du régime pour faire main basse sur des caches d’armes et migrer vers le désert sahélien à la recherche d’un sanctuaire pour y mener divers trafics illégaux ainsi que d’une base arrière pour déstabiliser les États fragiles de la région. Alors que, depuis les années 1980, le Qatar se pose en rival de l’Arabie Saoudite dans la guerre d’influence qu’elle mène sur le continent africain via l’islamisation, l’émirat gazier y voit l’occasion d’avancer son agenda. Salafiste (retour aux sources rigoristes de l’islam) pour Riyad et selon l’idéologie des Frères musulmans pour le Qatar, déclinée au Proche-Orient sous les couleurs du Hamas et représentée au Sahel par Ansar Dine, Aqmi et le Mujao, aujourd’hui pour la plupart regroupés au sein du JNIM d’Iyad Ag Ghali.
Selon le document publié par plusieurs journaux, dont Blast, Doha prend alors la décision de financer directement les groupes terroristes islamistes alors en phase de structuration au Sahel. La lettre confirme les accusations portées contre le Qatar par plusieurs journaux d’investigation, dont le Canard Enchaîné. Dans un papier intitulée « Notre ami du Qatar finance le terrorisme au Mali », Claude Angeli, rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique, révélait que le renseignement militaire français avait alerté son gouvernement sur le rôle trouble de Doha au Sahel. Des accusations appuyées par le maire de Gao en 2013. Outre les groupes terroristes affiliés à Al-Qaida, le Canard avait également établi des liens entre les pétrodollars de Doha et les insurgés Touaregs du MNLA.
Teria News