Niger : Ali Mahamane Lamine Zeine en quête de nouveaux partenariats

Tournée diplomatique du Premier ministre nigérien. Ali Mahamane Lamine Zeine s’est rendu en Russie, Serbie, Turquie et Iran. Objectif : diversifier les partenariats économiques de Niamey dans le cadre des sanctions de la CEDEAO. Sur le plan stratégique, le Niger annonce l’intensification de sa coopération militaire avec la Russie, au grand dam des États-Unis.

Victime de l’embargo communautaire décrété au lendemain du putsch du 26 juillet 2023, le Niger repasse à l’offensive en ce mois de janvier. Plusieurs mois de crise avec ses voisins immédiats, comme avec certains partenaires internationaux, principalement la France, ont bouleversé le jeu d’alliances énergétique, économique et stratégique qui fondaient l’équilibre national avant la prise de pouvoir des militaires du CNSP. Les forces françaises chassées de son territoire, la brouille avec l’Hexagone consommée après la fermeture de l’ambassade de France à Niamey et six mois de mise au ban diplomatique ont éprouvé les finances publiques, l’économie nationale et la sécurité des populations, appelant de façon pressante à une série de réalignements. C’est dans le cadre de ces grands bouleversements que s’inscrit la tournée du Premier ministre nigérien, entamée le 16 janvier à Moscou. Après la Russie, Ali Mahamane Lamine Zeine s’est rendu en Serbie, Turquie et Iran.

Renforcement de la coopération militaire avec la Russie

« Les choses vont vite. Nous avions eu, au préalable, un certain nombre de rencontres à Niamey et nous avons finalisé ici à Moscou, les projets. Très bientôt, dans le domaine de renforcement des capacités de nos forces, les activités vont démarrer. »

Salifou Modi, ministre nigérien de la Défense

Si le contenu des accords militaires conclus entre les deux pays reste à préciser, leur annonce interroge d’ores et déjà la viabilité du partenariat sécuritaire maintenu avec les États-Unis. Resté au Niger en se désolidarisant de l’approche intransigeante de Paris, Washington travaille à maintenir sa présence militaire dans le pays, notamment la base aérienne 201 d’Agadez qui lui permet de lancer des drones vers la Libye, ainsi qu’à occuper le terrain pour éviter l’implantation de Wagner au Niger. Peine perdue ? Suite à l’annonce par Niamey de l’intensification de sa coopération militaire avec la Russie, consécutive à celle d’une redéfinition des « grandes lignes de leur participation [États-Unis, ndlr] ou bien de leur présence sur le territoire nigérien », les intérêts de Washington pourraient être mis en ballotage.

Face à ce rapprochement, la diplomatie américaine temporise et réitère sa volonté de coopérer avec le CNSP. « Nous avons prouvé que nous pouvons les aider, eux et leurs partenaires de la région, à s’attaquer à la menace terroriste. Et il se trouve que nous avons aussi un bilan économique très solide, qui a contribué significativement au développement du Niger. Il y a eu beaucoup de discussions sur la mise en place d’un calendrier électoral crédible et rapide. Il y a bien sûr aussi la libération du président Bazoum, et vous avez vu que plus tôt ce mois-ci, la junte a relâché son fils qui était injustement détenu. », a déclaré la secrétaire d’État américaine adjointe chargée des Affaires africaines, Molly Phee après l’étape moscovite de Ali Mahamane Lamine Zeine. Cette dernière ajoute ne pas avoir « d’objections à ce que des pays diversifient leurs partenariats », tout en expliquant que « s’ils choisissent d’avoir un partenariat avec la Russie, ce sera compliqué ». « Je pense que s’ils regardent juste à l’ouest, au Mali, et qu’ils voient l’augmentation du nombre de victimes civiles et l’augmentation des attaques depuis que la junte au pouvoir au Mali a invité le groupe Wagner et a expulsé les Français, c’est un exemple que la plupart des gens ne voudraient pas suivre pour gouverner un pays. Donc, nous espérons qu’ils prendront la bonne décision. »

De nouveaux horizons économiques

Taclé par la violence des sanctions communautaires, le Niger cherche un nouveau souffle économique. Paralysée par les coupures infligées par le Nigeria, l’économie nationale doit gagner en autonomie, ce qui, à l’instar du Mali et du Burkina Faso, pourrait passer par la construction d’une centrale nucléaire en partenariat avec la Russie.

Alors que l’or noir issu des champs pétroliers d’Agadem devrait sortir du port de Sèmè-Podji au Bénin d’ici la fin de ce mois de janvier, les nouvelles autorités militaires, toujours sous sanctions, sont en quête de clients et la Turquie pourrait compter parmi eux. Outre l’énergie, le Niger souhaite aussi étendre ses partenariats dans les domaines de l’agroalimentaire ou des équipements de santé.

Teria News

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