Un « coup monté » ? Samedi 16 décembre, candidats à la succession de feu Henri Konan Bédié et militants du PDCI ont été sonnés par l’annonce de la suspension de leur congrès extraordinaire. Alors que le parti devait désigner un nouveau chef, ces cadres y voient une manœuvre du pouvoir en amont de la présidentielle de 2025.
Ils y voient le signe que les regards sont tournés vers le scrutin présidentiel de 2025, d’ores et déjà placé sous le thème de « pas de quartier ». Samedi, à leur immense surprise alors qu’ils affutaient leurs derniers discours et achevaient de mobiliser leurs soutiens respectifs, les candidats à la succession de feu Henri Konan Bédié à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) et les militants de la formation politique d’opposition ont appris la suspension de leur congrès extraordinaire. Une décision prise la veille par les autorités judiciaires sur la base d’une requête déposée par deux militants du parti.
Le congrès, initialement prévu se tenir samedi 16 décembre, devait départager deux personnalités. D’un côté, le financier et favori Tidjane Thiam, ex-ministre du Plan et du Développement et ancien président de Crédit Suisse. De l’autre, Jean-Marc Yacé, maire de Cocody.
Indignation et appels au calme devant un « coup monté »
« On n’a plus le droit de choisir notre propre président, c’est incompréhensible ». « On ne peut pas élire notre propre président du parti ». « On bâillonne le parti ». « On arrête tout pour deux personnes qui ont porté plainte… et avec tous ces millions dépensés pour organiser ce Congrès »
Militants PDCI-RDA
Selon le conseil juridique du PDCI, Me Chrisostome Blessy, « le coup a été bien monté », car déclarait-il samedi, « on n’a pas encore été notifié de la décision, nous l’avons découverte sur les réseau sociaux » et « nous sommes samedi, jour non ouvré. »
Regrettant la décision du Tribunal de grande instance, son caractère imprévu et in extremis, les deux candidats ont toutefois pris l’option d’appeler à l’apaisement. Samedi, en milieu de journée, Tidjane Thiam a exhorté ses partisans à garder leur « calme » et à « ne pas effectuer le déplacement » vers le lieu du congrès, tout en rappelant sa détermination à conquérir la tête du PDCI : « On peut changer la formule, on peut changer la date, je serai là, je serai candidat et ceux parmi vous qui le veulent, pourront voter pour moi pour qu’on mène le PDCI-RDA à la victoire. », a-t-il déclaré. Affirmant partager le « désarroi » des militants, Jean-Marc Yacé a, pour sa part, appelé les uns et les autres à « l’apaisement et la retenue ».
Interrogations sur les requérants
Dans la confusion générale et alors que les 6 000 congressistes attendus cheminaient déjà vers Abidjan, d’aucuns s’interrogeaient sur l’identité des trouble-fête et leurs motivations. Premier requérant, Christophe Blesson, 60 ans, est transitaire, membre du bureau politique et secrétaire général de la section de Yopougon Niangon Saint-Pierre, une commune située à l’ouest d’Abidjan. Le second, Mathieu Ourah Affroumou, 43 ans, est lui opérateur économique, secrétaire général de section et président national du mouvement Rassemblement pour la victoire du PDCI-RDA. En substance, les deux requérants, reprochent au comité électoral du parti une « opacité » dans le processus, justifiée, l’affirment-ils, par la non publication de « document pouvant attester l’éligibilité des candidats retenus ».
Jugeant ces arguments recevables, la juge, Aminata Touré, a estimé que « les irrégularités dénoncées » peuvent effectivement « compromettre l’élection du nouveau président du PDCI », voire « engendrer des troubles à l’ordre public ». Le Tribunal a ainsi ordonné « la suspension » et « le report » sine die des assises.
Teria News