10 ans après avoir été stoppée à ses portes, l’armée malienne reprend le contrôle de la ville de Kidal des mains des rebelles, aujourd’hui rassemblés au sein du CSP-PSD et déjoue les prédictions de « partition du Mali », émises par le ministre français des Armées. Pour Bamako, le 14 novembre marque une revanche sur l’histoire, mais aussi une victoire contre l’impérialisme.
Bastion de la rébellion Touareg, alors organisée au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Kidal échappait au contrôle de l’État malien depuis 2013. Capitale du nord, la ville était devenue le symbole de l’échec de Bamako à établir son autorité sur l’ensemble du territoire national. Kidal renvoie également à une humiliation historique pour les FAMa, ces dernières ayant été empêchés par l’armée française d’entrer dans la ville en mai 2013, sanctuarisant ainsi la localité en faveur d’une administration Touareg, selon les accusations de Choguel Maïga.
Parmi les voix les plus critiques de l’accord d’Alger, dénoncé comme inéquitable envers l’État central, le Premier ministre malien a, de façon régulière, exprimé sa lecture de la séquence d’évènements ayant conduit à la déstabilisation du Mali depuis 2012 et dans ce cadre, condamné les divers éléments de l’architecture multilatérale internationale de lutte contre le terrorisme dans le pays lesquelles, à l’instar de la force Takuba, visaient selon lui, à entretenir la division du Mali et le morcellement de son territoire. Ces forces ont depuis, toutes été démantelées par les autorités de Transition. Dernière partie, la MINUSMA achèvera son retrait du territoire malien d’ici le 31 décembre 2023.
La bataille de Kidal remportée par les FAMa
« En application de la résolution 2690, 2023 des Nations unies, aujourd’hui 14 novembre, grâce à Allah en raison du courage, de la détermination de nos FAMa, un raid a été mené depuis quelques jours en direction de Kidal et de lourdes pertes infligées aux groupes armés terroristes (…) Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal »
Colonel Assimi Goïta, président de la Transition malienne
Toutefois, modère Assimi Goïta, « notre mission n’est pas achevée ». Elle consiste en effet, précise-t-il, à « recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité ».
Si elle s’annonçait depuis la demande de retrait de la MINUSMA formulée par le Mali en juin dernier au Conseil de sécurité de l’ONU, l’imminence de la bataille de Kidal s’est précisée avec l’abandon par la mission onusienne de son camp situé dans la ville, le 31 octobre. Il fut aussitôt investi par les rebelles du CSP-PSD. Mais quelques jours plus tard, dès le 8 novembre, les Forces armées maliennes annonçaient avoir mené des frappes aériennes contre « des cibles de terroristes », dans l’ex-camp de la MINUSMA, depuis repris par les FAMa. Le CSP-PSD a, pour sa part, reconnu s’être replié « pour des raisons stratégiques » tout en appelant à une « mobilisation permanente ».
En reprenant Kidal, l’armée malienne tourne la page d’une décennie d’échecs dans ce foyer historique des insurrections indépendantistes. La dernière avait vu le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), appuyé par le groupe terroriste Ansar Dine, s’emparer de Kidal, puis du reste des régions de Gao et Tombouctou, en mai 2013.
Teria News