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Israël veut-il déplacer 2 millions de Palestiniens dans le Sinaï ?

Israël décidé à chasser 2 millions de Palestiniens vers le désert du Sinaï ? Une « fuite » de documents émanant du ministère israélien du Renseignement confirmerait le plan de l’État hébreu. Dénoncé par l’Égypte, il justifie la fermeture du checkpoint de Rafah.

Alors que les bombes continuent de pleuvoir sur l’enclave côtière de Gaza, pilonnée sans répit depuis quatre semaines par une armée israélienne déterminée à en finir avec le Hamas, les civils Palestiniens comptent leurs morts. Après l’émotion suscitée par l’attaque du 7 octobre, la guerre des images semble tourner à l’avantage des populations Gazaouis. Sans eau, sans électricité et aujourd’hui, à l’exception des travailleurs humanitaires (connectés les uns aux autres et au reste du monde par Starlink), coupés des réseaux de télécommunications, le sort des Palestiniens suscite l’indignation des organisations internationales ainsi que d’une part croissante de l’opinion publique qui s’interroge sur les limites de la riposte israélienne, comme sur les conséquences d’une invasion à grande échelle de la bande de Gaza, plusieurs fois annoncée par Tsahal. Autant d’interrogations et d’appels à la retenue qui se heurtent au mur stratégique érigé par le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu.  

Annoncée comme imminente, seuls les États-Unis et les négociations médiées par le Qatar en vue de la libération des quelques 200 otages retenus par le Hamas retiennent encore l’invasion, jusqu’ici préparée par de brèves incursions. Si les combats avec les brigades Al-Qassam du Hamas et Al-Quds du Jihad islamique s’annoncent, de l’aveu même de Benyamin Netanyahu, difficiles et longs, le rapport de force demeure à l’avantage de Tsahal. Mais une fois le territoire gazaoui conquis quels sont les projets de Tel-Aviv ? Occuper l’enclave ? À nouveau l’administrer après y avoir renoncé en 2005, repoussé par la seconde Intifada suite à trente-huit ans d’occupation ? Une récente « fuite » de documents émanant du ministère israélien du Renseignement pourrait lever un coin de voile sur les intentions de l’État hébreu.

Transposer la bande de Gaza dans le Sinaï

Une « fuite » de documents du ministère israélien du Renseignement (par l’éditeur israélien Mekomit) divulguerait le plan de Tel-Aviv. À travers une intense campagne de bombardements, suivie d’une offensive terrestre, celui-ci viserait à pousser plus de deux millions de Palestiniens hors de Gaza, vers le désert du Sinaï, administré par l’Égypte.  

À cet effet, une directive d’expulsion du ministère israélien du Renseignement en décrirait les quatre étapes. Premièrement, un appel aux civils Palestiniens à quitter le nord de Gaza, suivi du coup d’envoi des opération terrestres. Deuxièmement, une offensive terrestre du nord au sud de l’enclave. Troisièmement, ouvrir les routes vers Rafah. Enfin, créer des « villes de tentes » dans le nord du Sinaï pour définitivement y réinstaller les Palestiniens en Égypte.

La fermeté de l’Égypte, obstacle au plan israélien

Pousser le maréchal Abdel Fattah al-Sissi à autoriser des mouvements de masse via le checkpoint de Rafah est une étape sine qua non à la matérialisation du plan de déplacement sus-énoncé. Selon le média indépendant Mada Masr, sous le coup d’une enquête du « Conseil suprême de régulation des médias » égyptien pour ses indiscrétions, les États-Unis proposeraient justement à l’Égypte d’effacer une partie de sa dette contre l’ouverture de sa frontière aux réfugiés de Gaza.

Peu sensible à ces incitations, le président égyptien mobilise l’opinion publique contre le projet, principalement via les chaînes télévisées du groupe United Media Services, contrôlé par les renseignements généraux. Mais Abdel Fattah al-Sissi mène également une fronde arabe ralliée par la Jordanie et l’Arabie saoudite. Le roi Abdallah II a ainsi qualifié de « ligne rouge » le déplacement des Palestiniens de Gaza. Le prince Faisal bin Farhan al-Saud, ministre saoudien des Affaires étrangères a, pour sa part, exprimé son « rejet catégorique » du projet.

Le Nord-Sinaï, convoité par ce plan, est contrôlé par les forces armées égyptiennes et l’Union of Sinai Tribes, une coalition de milices locales associée à l’armée. Mais le territoire est surtout revendiqué par plusieurs centaines d’Égyptiens expulsés par les opérations menées par leur armée en 2014 visant à détruire les tunnels du Hamas vers la bande de Gaza. En outre, une opération terrestre à grande échelle sur Gaza agite le spectre de l’embrasement régional. Son déclenchement pourrait provoquer l’engagement du Hezbollah dans un nouveau conflit de haute intensité avec Israël, mais également celui des rebelles Houthis dont les missiles, envoyés depuis le Yémen vers l’État hébreu, ont été interceptés par les porte-avions américains, et des milices irakiennes, tous financés par l’Iran.  

Teria News

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