Tunis, Rabah, Amman, le monde arabe s’embrase après le bombardement de l’hôpital al-Ahli baptiste de Gaza qui a fait 500 morts mardi (porte-parole du ministère de la Santé de Gaza). Indexé par le Hamas, Israël dément et désigne le Jihad islamique. Le drame met en péril la visite de Joe Biden dans la région et pourrait constituer un tournant dans le conflit.
« D’après ce que j’ai vu, il semble que cela ait été fait par l’autre camp, pas par vous ». Fraichement débarqué d’Air Force One pour une mission aux objectifs compromis par le bombardement de l’hôpital al-Ahli baptiste de Gaza, Joe Biden met les pieds dans le plat. Toutefois, après le report sine die par la Jordanie du sommet quadrilatéral qui devait rassembler le roi Abdallah, Joe Biden, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ce mercredi à Amman, la posture américaine pourrait compromettre sa position de médiateur dans le conflit.
Déjà tendue par la riposte de Tsahal sur la bande de Gaza, qualifiée de « punition collective » autant par le Secrétaire général de l’ONU que par le président Al-Sissi, la ligne de fracture entre Israël et ses voisins arabes s’élargit autour de la question de la responsabilité du bombardement de l’hôpital al-Ahli baptiste de Gaza.
Embrasement de la « rue arabe »
Ils étaient plusieurs centaines devant l’ambassade américaine de Nouakchott, comme sur les artères menant à l’ambassade des États-Unis à Awkar, dans la banlieue nord de la capitale Beyrouth, des milliers devant le consulat d’Israël à Istanbul, plusieurs centaines à Irbid en Jordanie alors que des dizaines de manifestants tentaient de pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël à Amman. Dans les territoires palestiniens également, des centaines de personnes sont descendues dans les rues à Ramallah en Cisjordanie occupée, appelant à la démission du président Mahmoud Abbas. Quelques heures après l’annonce du bombardement de l’hôpital al-Ahli baptiste de Gaza au bilan contesté de 500 morts (porte-parole du ministère de la Santé de Gaza), plusieurs villes du Moyen-Orient et d’Afrique du nord sont entrées en ébullition.
Accusé par le Hamas et rejoint par le Hezbollah qui a appelé à une « journée de colère sans précédent » pour ce mercredi, l’Etat hébreu dément et indexe plutôt le Jihad islamique.
Arrivée de Joe Biden, un séjour pour rien ?
Entre modérer la riposte israélienne et apaiser les chancelleries arabes, à défaut de pouvoir agir sur les opinions publiques, le séjour de Joe Biden dans la région venait appuyer, au plus haut niveau, le marathon diplomatique de son Secrétaire d’État Antony Blinken. Mais en paraissant prendre le parti d’Israël, Washington entame ses chances d’être audible par les acteurs arabes. Désengagés de la cause palestinienne ces dernières années face à des enjeux sécuritaires et économiques, les dirigeants du Moyen-Orient et d’Afrique du nord, aujourd’hui pressés par le bas, sont contraints d’opérer un repositionnement, accéléré par l’offensive israélienne sur Gaza.
L’annulation du sommet d’Amman marque une rupture de dialogue entre l’axe Jérusalem-Washington d’une part, et les États arabes de l’autre. Sera-t-il de courte durée ou le bombardement de l’hôpital al-Ahli marque-t-il un raidissement durable des positions, voire un point de bascule dans le conflit ? Samedi 14 octobre déjà, l’Arabie Saoudite qui avançait jusqu’ici sur une ligne de crête, a suspendu le processus de normalisation de ses relations avec Israël. Le Royaume a dénoncé mardi une « violation de toutes les lois et normes internationales » par l’État hébreu.
Teria News