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RDC : Bientôt un plan de retrait de la MONUSCO

Un plan de retrait de la MONUSCO d’ici novembre. Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a, à nouveau, appelé à l’élaboration d’un plan de désengagement progressif. Une approche pourtant jugée trop longue par Kinshasa, pressé par les élections de décembre.

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont à nouveau planché sur le retrait de la MONUSCO. À l’agenda de l’organe depuis 2020, il est prévu que le retrait se déroule de façon progressive, à travers un transfert graduel des positions des Casques bleus à l’armée congolaise, selon un calendrier finalisé à l’horizon 2024. Dans une déclaration prise lundi 16 octobre, le Conseil encourage le groupe de travail conjoint, composé de l’exécutif congolais, de la MONUSCO et de l’équipe pays des Nations unies, à présenter un plan de « désengagement progressif, responsable et durable » des Casques bleus d’ici le mois de novembre. Réticente, la « communauté internationale » dirige toutefois un processus qui avance à reculons.

« L’importance de la MONUSCO pour la RDC et la région est claire. C’est pourquoi les États-Unis sont inquiets de la multiplication des appels du gouvernement de RDC à un retrait de la mission après les élections de décembre (…) Un retrait précipité de la MONUSCO créerait probablement un vide sécuritaire que les autorités de l’État ne sont pas capables de remplir, avec des effets dévastateurs sur les populations les plus vulnérables de la région », declare Robert Wood, ambassadeur américain adjoint à l’ONU, en juin 2023.

Trop long pour Kinshasa, pressé par les élections

Le processus de retrait des 15 000 Casques bleus de la MONUSCO a été initié par Kinshasa, mais les autorités congolaises s’impatientent devant le calendrier des forces onusiennes. Le 20 septembre dernier, Félix Tshisekedi s’était ainsi prononcé en faveur d’un retrait « accéléré » des troupes onusiennes, accusées par le président congolais de ne pas avoir réussi à « faire face » aux groupes armés en 25 ans de présence. « Il est temps pour notre pays de prendre pleinement son destin en main et de devenir le principal acteur de sa propre stabilité », a-t-il estimé.

Trois ans après que le Conseil ait pris acte de la demande des autorités congolaises, ces dernières mettent en doute ses intentions. Derrière les impératifs de « responsabilité » et de « durabilité » se cacherait, selon elles, une volonté de gagner du temps. Un double-jeu dénoncé par Félix Tshisekedi. Jugeant le projet de retrait « échelonné, responsable et durable » de la MONUSCO, tel que libellé par le Conseil de sécurité, « anachronique », le président congolais estime « illusoire et contreproductif de continuer à s’accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix ». Ainsi, Félix Tshisekedi appelle-t-il à l’accélération du calendrier onusien de « décembre 2024 à décembre 2023 ».

À deux mois des élections présidentielles, l’empressement de l’exécutif congolais obéit également à une logique électoraliste. Devant l’impopularité de la MONUSCO, source d’affrontements récurrents avec la population comme fin août dernier, justifiée autant par l’inefficacité de sa présence que par l’inconduite des Casques bleus, régulièrement accusés de viols et d’avoir recours à des prostituées, les autorités congolaises surfent sur la vague de rejet populaire. Un sentiment qui, devant la persistance des crises sécuritaires malgré la présence de forces étrangères, traverse le continent, en particulier le Sahel où le retrait de la MINUSMA des bases du nord Mali a relancé les hostilités entre l’Etat malien et les rebelles.

Teria News

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