L’Algérie se voit retoquée par le Niger. Espérant dribbler la CEDEAO dans la résolution de la crise nigérienne, lundi 2 octobre, Alger a annoncé l’acceptation par le CNSP de son offre de médiation. Entre Alger et Abuja, une rivalité ouverte pour le leadership régional.
Le ministère des Affaires étrangères espérait un beau coup diplomatique pour l’Algérie en quête de prestige international, notamment après l’échec de son processus d’adhésion au club des BRICS+. Lundi, Alger a annoncé que le Niger avait accepté son offre de médiation. Depuis, les diplomates de la CEDEAO font la grimace dans les coulisses. En effet, au-delà des enjeux propres au dossier nigérien, se joue une rivalité entre le Nigeria et l’Algérie pour le leadership régional.
L’Algérie à l’affut d’une brèche au sein de la CEDEAO
« Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens de l’extérieur a été surpris de relever à travers les réseaux sociaux et certains médias, un communiqué du gouvernement algérien indiquant que le Niger aurait accepté la médiation de l’Algérie qui a proposé aux militaires une transition de six mois (…) Au regard de ce qui précède, le gouvernement de la République du Niger rejette lesdites conclusions tout en réitérant sa volonté de préserver les liens d’amitié et de fraternité avec l’Algérie. »
Communiqué des autorités nigériennes lu à la télévision publique, mardi 3 octobre
Parallélisme avec le régime libyen du feu colonel Mouammar Kadhafi, avec toutefois des ressources bien plus modestes. Déçue par le panarabisme, largement miné par des divisions cristallisées par le récent revirement de plusieurs pays arabes sur la question palestinienne, la diplomatie algérienne rêve de retrouver des couleurs en renouant avec son passé anti impérialiste dont les heures de gloires furent marquées par la lutte anticoloniale. Sur la touche dans le monde arabe désormais mené par l’Arabie Saoudite et l’Egypte, Alger veut jouer les grands frères en Afrique de l’Ouest. Une ambition qui entre toutefois en collision avec celles de la CEDEAO d’incarner un bloc d’intégration économique coiffé d’une autorité politique supranationale sur la base juridique contestée du protocole additionnel sur la démocratie.
« Le gouvernement algérien a reçu par le canal du ministère nigérien des affaires étrangères une acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise du Niger ». Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a chargé le chef de la diplomatie, Ahmed Attaf, « de se rendre à Niamey dans les plus brefs délais pour y entamer des discussions (…) avec toutes les parties prenantes », annonçait lundi un communiqué algérien, depuis démenti par Niamey.
Des négociations au point mort
Alors qu’elle maintient officiellement l’option militaire sur la table, le temps de latence laissé par la CEDEAO fait douter d’aucuns sur la viabilité du projet d’usage de la force. Deux mois après le renversement du président Bazoum, la fenêtre de tir de l’organisation semble désormais ténue. D’autant que l’Alliance des États du Sahel, créée le 16 septembre par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, matérialisant une coalition sahélienne contre une éventuelle intervention et le spectre d’une guerre sous-régionale, accroit son coût humain, politique et financier.
Reste le dialogue qui, selon les acteurs impliqués, n’a jamais été rompu. En attendant, depuis la fin de non-recevoir opposée par la CEDEAO à la proposition nigérienne d’une transition de 3 ans (maximum) et la confusion Abuja-Niamey autour d’un accord mutuel portant sur un calendrier de 9 mois, les négociations semblent au point mort. Niamey a, entre temps, précisé que la durée de transition, au centre des tractations, sera déterminée par un « forum national inclusif ».
Teria News