Mot d’ordre de grève « illimitée ». Tentant de désamorcer la crise sociale, Bola Tinubu a annoncé dimanche des mesures visant à atténuer les effets de la fin des subventions du carburant et de l’inflation galopante. Toutefois, restés sourds, le bras de fer entre syndicats et État fédéral est maintenu pour le mardi 3 octobre.
Jugées timides et tardives, elles ont été ignorées par les principales centrales syndicales du pays. Ces dernières, le Nigerian Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC) rassemblant les secteurs de l’enseignement, bancaire, de l’aviation ou encore les infirmières, maintiennent leur mot d’ordre de grève « illimitée », lancé mardi 26 septembre.
Une « thérapie de choc » à la nigériane
Absorbant un quart du budget fédéral, soit 3.5 milliards de dollars, les subventions des prix du carburant cristallisent les tensions entre libéraux et tenants d’une approche sociale dans la gestion de l’économie nationale. En 30 ans toutefois, la balance a penché vers les pourfendeurs d’une mesure restée populaire, bien que personne n’ait osé s’y attaquer aussi frontalement que le président nigérian. Poussés par les créanciers du Nigeria, dont la Banque mondiale, les prédécesseurs de Bola Ahmed Tinubu ont dû baisser l’échine face au front syndical. Lui, maintient le cap, alors que la pression de la dette pèse lourdement sur les finances publiques.
« Le gouvernement a totalement abdiqué et a fait preuve d’un manque flagrant de volonté d’agir, abandonnant ainsi le peuple et les travailleurs dans une pauvreté et un abattement atroce », dénoncent les syndicats après avoir accepté de suspendre le premier mot de grève lancé dans la foulée de la décision fédérale.
Depuis son annonce fin mai, la mesure a entrainé un triplement des prix à la pompe et porté d’inflation de 20 à 25%. Par ailleurs, les nigérians accusent également le coup après la décision de la Banque centrale du Nigeria (CBN) de supprimer le régime de taux de change fixe. Ainsi, dans l’objectif d’accroitre sa réserve de devises étrangères et d’attirer les investisseurs, la BCN a, depuis le 14 juin, cessé de fixer le cours de change officiel du naira face au dollar américain. Résultat, le cours de la monnaie nationale a dévissé sur les marchés des changes. Désormais flottant, il est fortement influencé par le marché noir.
Deux mesures pour apaiser la colère
« La réforme peut être douloureuse, mais c’est ce qu’exigent la grandeur et l’avenir (…) Il n’y a aucune joie à voir le peuple de cette nation assumer des fardeaux qui auraient dû être abandonnés, il y a des années. J’aurais aimé que les difficultés d’aujourd’hui n’existent pas. Mais nous devons les supporter si nous voulons un meilleur avenir ».
Bola Tinubu, dimanche 1er octobre
Dans ce climat économique tendu et face à la menace de grève, le président nigérian a tenté de désamorcer la crise sociale via deux mesures principales annoncées au cours d’une émission organisée dans le cadre du 63e anniversaire de l’indépendance du Nigeria, célébré dimanche 1er octobre. D’une part, une augmentation du salaire minimum des employés les moins bien payés de 25 000 nairas (20 100 francs CFA). D’autre part, la réduction du prix des transports à travers la mise à circulation, à court terme, de bus fonctionnant au gaz.
Si maintenu, le mot de grève des syndicats nigérians pourrait lever un front et constituer le premier test social de la gouvernance Tinubu. Reste à observer son impact sur les secteurs public et privé.
Teria News