Les violences qui ont éclaté après la condamnation de l’opposant, jeudi 1er juin, ont fait au moins 9 morts. « L’arrestation [d’Ousmane Sonko] peut intervenir à tout moment, sans délais », affirme le ministre de la Justice. De quoi jeter à nouveau de l’huile sur le feu.
Rien ne va plus au Sénégal. La décision du Tribunal de Dakar, condamnant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », a été reçue comme une provocation par les partisans de l’opposant qui dénoncent un jugement politique visant à éliminer le champion de la jeunesse sénégalaise de la course à la présidentielle de 2024.
Pneus brûlés, incendie de véhicules, jets de pierre contre gaz lacrymogène, la nuit de jeudi à vendredi a été marquée par des affrontement entre les soutiens d’Ousmane Sonko et les forces de l’ordre. La capitale Dakar, en particulier l’Université Cheikh Anta Diop où les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, et Ziguinchor, ville de Casamance dont Ousmane Sonko est maire, ont été le théâtre des heurts les plus violents. Bilan officiel : 9 morts selon le ministère de l’Intérieur.
Vers une arrestation imminente de l’opposant ?
« L’arrestation [d’Ousmane Sonko] peut intervenir à tout moment, sans délais », a affirmé le ministre de la Justice. Difficile toutefois dans le présent contexte d’imaginer l’interpellation de l’opposant. En effet, alors qu’il est « assigné à résidence » dans son domicile dakarois de la cité Keur Gorgui depuis qu’il a été ramené de force dans la capitale, Ousmane Sonko est protégé par un bouclier humain de plusieurs centaines de personnes, amassées autour de sa résidence pour le protéger d’une arrestation.
La rue peut-elle pousser Macky Sall vers la sortie ? Le leader du Pastef et les cadres de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi qui s’est depuis resoudée autour d’Ousmane Sonko, ont appelé « le peuple à se lever » contre les dérives du régime de Macky Sall. L’objectif assumé est désormais de contraindre le président sénégalais à la démission.
Dénonçant pour leur part une tentative d’insurrection, les autorités ont limité les accès aux réseaux sociaux. La mobilisation en faveur d’Ousmane Sonko porte par ailleurs un coup d’arrêt au « dialogue politique » initié mercredi 31 mai par le président Macky Sall et polarise à nouveau le climat politico-social. Alors que le Sénégal vit une des pires heures de son histoire contemporaine, beaucoup déplorent le silence des instances sous-régionale et régionale face au hiatus qui se creuse entre le peuple sénégalais et ses gouvernants.
Teria News