10 ans de prison pour viols ou 5 ans pour corruption de la jeunesse. Dans la nuit de mardi à mercredi et en l’absence d’Ousmane Sonko, la plaignante Adji Sarr a détaillé les sévices sexuels dont elle accuse l’opposant. Chronique d’une histoire privée devenue affaire d’État.
Les détails du récit de la plaignante dépeignent un tableau sombre des activités du salon de massage « Sweet Beauty » où elle était employée et dont la gérante, accusée de complicité de viol, est poursuivie pour proxénétisme. Dans la nuit de mardi à mercredi, Adji Sarr a réitéré les accusations de viols répétés et de menaces de mort contre le leader du Pastef.
Selon elle, Ousmane Sonko l’aurait violée à 5 reprises entre fin décembre 2020 et début février 2021, date à laquelle elle a démissionné. Un grand déballage dont les détails, aussi scabreux que sordides, heurtent une pudeur toute africaine, invitée malgré elle dans une histoire de fesses, érigée en affaire publique. Ce, certes en vertu du principe cardinal de la publicité de la justice qui veut que les débats soient rendus publics car le peuple doit pouvoir contrôler l’exercice quotidien de la justice rendue « en son nom », mais surtout, en raison de l’aura de l’accusé, chef de file de l’opposition sénégalaise porté aux nues par la jeunesse de son pays.
Ziguinchor en première ligne contre la justice
Lui, était absent à son procès, reclus dans sa résidence de Ziguinchor, la commune de Casamance qu’il administre en tant que maire, la défense maintenant ne pas avoir reçu de convocation en bonne et due forme. Autour de son domicile, les partisans d’Ousmane Sonko ont, depuis une dizaine de jours, érigé des barricades pour le protéger d’une éventuelle arrestation, parfois au prix de leurs vies.
Trois morts (dont celle d’un policier) ont endeuillé la journée du mardi 16 mai, marquée par des affrontements entre les forces de l’ordre et les soutiens de l’opposant dans plusieurs localités du pays. Ces derniers dénoncent un complot politique dont l’arme de prédilection, soit l’acharnement judiciaire, vise à écarter un concurrent redoutable de la course à la présidentielle de 2024. Un bras de fer par tribunaux interposés entre le premier opposant à Macky Sall et un président qui persiste à entretenir le flou sur ses intentions, potentiellement inconstitutionnelles, à 9 mois du scrutin.
Les dangers d’un délibéré par contumace
« Il faut que ce soit clair, Ousmane Sonko n’a pas refusé de comparaitre, Ousmane Sonko a demandé à ce que ses droits soient respectés, notamment qu’il soit convoqué régulièrement, conformément à la loi, ce qui n’a pas été fait. Alors dans ces conditions, évidemment, nous avons demandé le renvoi pour la régularisation de sa situation, et le juge, une fois de plus ; a refusé, et a retenu l’affaire. On dénonce, on s’indigne par rapport à cette parodie de justice. L’objectif recherché, c’est d’empêcher Ousmane Sonko de comparaitre et d’avoir une décision par contumace. »
Maître Ousseynou Ngom, avocat d’Ousmane Sonko
Au milieu de la nuit et en son absence, le procureur a requis contre l’opposant 10 ans de prison pour viols ou 5 ans pour corruption de la jeunesse. La décision de justice est attendue pour le 1er juin. Or, selon le code électoral, « un individu en état de contumace » ne peut être inscrit sur les listes électorales. Alors qu’elle était déjà en ballotage après l’aggravation en appel de sa condamnation pour diffamation, l’éligibilité d’Ousmane Sonko pour la présidentielle de 2024 est plus que jamais compromise.
Teria News