Au lendemain du drame de Kérou, dans la nuit de mardi à mercredi, une nouvelle attaque a fait trois morts à Banikoara. Le président Patrice Talon diligente une enquête pour manquement « dans la chaîne des opérations » pouvant aboutir à des « sanctions […] à l’égard des FDS ».
Semaine meurtrière au Bénin sur le front de la lutte antiterroriste. Mardi, les béninois se sont réveillés avec les échos d’une attaque meurtrière à Kérou, localité située au nord-ouest du pays où, dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 mai, des individus non identifiés ont assassiné plusieurs villageois dans leur sommeil. Bilan provisoire : sept morts et plusieurs personnes enlevées. Dans leur fuite, les agresseurs auraient également emmené du bétail.
De plus, dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 mai, c’est la ville de Banikoara qui a été ciblée par une seconde attaque. Situé dans la commune, le village de Yinyinrou a été victime d’une incursion de la part d’individus armés. Des sources locales, confirmées par la radio « Fraternité FM », font état de trois morts.
Le chef de l’État diligente une enquête
Estimant que l’attaque de Kérou était évitable au vu du mécanisme d’alerte précoce mis en place par le gouvernement, le président Patrice Talon a diligenté une enquête pour faire la lumière sur les faits et situer les responsabilités. En cause, la chaîne des opérations des Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
« Les mêmes rapports indiquent qu’il y a eu très certainement un manquement dans la chaîne des opérations pour que les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) se déploient de façon préventive afin d’éviter cela […] Le président de la République a demandé instamment qu’une mission d’enquête soit diligentée sur le terrain pour apprécier les circonstances réelles de la survenue de ce drame et pour conséquemment en tirer les leçons »
Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement
Toujours selon le porte-parole du gouvernement, l’objectif de cette enquête sera de « mettre en branle les mesures de sanction à l’égard de tous les responsables des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui ont en charge, la maîtrise de la conduite des opérations et qui auraient manqué à leur devoir ». Déjà, le commissaire de Kaobagou, dans la commune de Kérou, a été relevé de ses fonctions par le Directeur général de la police républicaine, Soumaïla Yaya.
Partenariat sécuritaire avec le Rwanda
Lors de sa visite les 14 et 15 avril derniers à Cotonou, le président rwandais a conclu un accord sécuritaire avec les autorités béninoises pouvant aller de l’envoi d’instructeurs jusqu’au déploiement de troupes rwandaises afin d’appuyer la riposte nationale contre la menace terroriste qui endeuille la région septentrionale du Bénin.
Annoncés depuis un an, les pourparlers entre le Rwanda et le Bénin renforcent les ambitions continentales de Kigali qui, d’une part, exporte son expertise sécuritaire au Mozambique et en République centrafricaine, tout en continuant d’autre part, à apporter son soutien au M23, un des nombreux groupes rebelles semant mort et désolation à la frontière Est de la République démocratique du Congo, selon un rapport de l’ONU.
« Nous sommes prêts à travailler avec le Bénin pour prévenir tout ce qui se peut produire dans la zone autour de ses frontières […] Il n’y aura pas de limite » dans ce qui « sera accompli ensemble pour les défis sécuritaires qui s’imposent », avait à cette occasion annoncé Paul Kagamé. « Nous irons le plus loin possible si c’est nécessaire […] Le Bénin est confronté à l’insécurité qui descend du Sahel et la menace est réelle au nord du Bénin », a pour sa part déclaré le président béninois pour qui, cette coopération pourrait notamment porter sur de l’« encadrement », du « coaching », de la « formation » ou encore le « déploiement conjoint » de troupes au sol.
À l’instar des autres pays du golfe de Guinée comme le Ghana, le Togo et la Côte d’Ivoire, le Bénin est, depuis 2019 et plus particulièrement depuis décembre 2021, confronté à l’hydre terroriste dont les métastases se font particulièrement sentir au niveau de sa frontière avec le Burkina Faso et au niveau du point triple, du nom de la frontière commune avec le Burkina et le Niger d’où les groupes armés tentent des incursions sur le territoire béninois. Privilégiant les accords bilatéraux sur les cadres multilatéraux comme l’Initiative d’Accra dont la force conjointe, pourtant annoncée fin 2022 n’a toujours pas été mise en place, les autorités des trois pays se sont engagées à renforcer leur coopération.
Teria News