Coup d’État dans le coup d’État. Au prix de violents affrontements, les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo revendiquent la prise du palais présidentiel et de l’aéroport international de Khartoum. Les FSR auraient renversé Abdel Fattah al-Burhane, aux commandes du pays depuis 2021.
C’est l’aboutissent de plusieurs mois de tension entre les deux principales factions des forces de sécurités soudanaises. Loyales au général Mohamed Hamdane Daglo, alias « Hemedti », ancien chef des brutales milices janjawid qui se sont tragiquement illustrées dans la guerre au Darfour, les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) revendiquent depuis samedi matin, la prise du palais présidentiel et de l’aéroport international de Khartoum. De l’autre côté, l’armée régulière, ralliée au général Abdel Fattah al-Burhane, de facto chef de la Transition depuis le coup d’État d’octobre 2021, auraient plié devant celles de son grand rival du Conseil militaire de Transition.
Guerre fratricide entre deux clans des forces de sécurité
Des affrontements violents ont marqué la matinée du 15 avril dans la capitale Khartoum, secouée par des tirs et plusieurs explosions. Les FSR appellent l’ensemble de la population, comme les soldats eux-mêmes, à la sédition contre l’armée. Les FSR ont également pris le contrôle de plusieurs espaces stratégiques en province. Dans un des communiqués diffusés dans la matinée à destination de la population, les paramilitaires affirment que ces évènements ne « les visent pas eux, mais leur état-major qui les utilise pour rester sur son trône, quitte à mettre la stabilité du pays en péril ».
Cette explosion de violence couvait depuis plusieurs semaines, mais depuis quelques jours les tensions ont semblé franchir un plafond indépassable. Ainsi, la rue s’attendait à un affrontement imminent entre l’armée et les paramilitaires de Mohamed Hamdane Daglo. Depuis jeudi, des contingents armés des FSR se sont en effet amassés à Khartoum et dans d’autres villes du pays « sans l’approbation ni la moindre coordination avec le commandement des forces armées », a dénoncé le commandement militaire.
La guerre de leadership qui oppose les généraux Mohamed Hamdane Daglo et Abdel Fattah al-Burhane, tous deux piliers du régime déchu d’Omar el-Béchir, repose notamment sur les modalités d’intégration des paramilitaires au sein des troupes régulières. Alors que le général al-Burhane vise une intégration sous conditions et temporaire, Mohamed Hamdane Daglo exige lui, une incorporation plus large et sa place dans l’état-major. Le différend entre les deux hommes explique en partie le gel du processus de Transition.
Teria News