Le Burkina Faso a demandé mardi, le « départ définitif » de tous les personnels militaires français dans un délai d’un mois. Ouagadougou romp ainsi un accord militaire de 1961 qui la liait à Paris. Après le départ de la force Sabre demandé en janvier, Ibrahim Traoré liquide le reste des accords militaires conclus avec la France. Les détails.
Avec cette nouvelle décision, le Burkina Faso donne un dernier coup de canif au corpus d’accords juridiques qui encadrent la présence des forces françaises sur son sol. Après la dénonciation, faite le 18 janvier dernier, de l’accord qui régissait la présence des 400 soldats de la task force Sabre sur son territoire, les autorités de Transition parachèvent le détricotage du partenariat militaire liant le Burkina Faso à la France.
Rupture d’un accord de coopération historique
Ainsi, mardi 28 février, le ministère burkinabè des Affaires étrangères a notifié au Quai d’Orsay que le gouvernement du Burkina Faso « dénonce l’accord d’assistance militaire technique, conclu à Paris le 24 avril 1961 entre la République de Haute Volta et la République française, y compris ses deux annexes ».
Le ministère burkinabè des Affaires étrangères « informe également la partie française que la présente dénonciation prend effet dans un délai d’un (01) mois suivant sa réception et lui saurait gré des dispositions diligentes qu’elle voudrait bien faire prendre en vue du départ définitif de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires burkinabè. »
Regain d’attaques contre l’armée burkinabè
Présente au Faso depuis 2009, la force Sabre a officiellement quitté le territoire burkinabè à la faveur d’une cérémonie solennelle organisée à Ouagadougou, le 18 février dernier. Elle s’est depuis majoritairement redéployée au Niger.
Suite à l’annonce de ce retrait contraint, l’armée burkinabè a subi une embuscade mortelle vendredi 17 février dans le nord du pays au cours de laquelle 50 soldats ont perdu la vie, soit l’attaque la plus mortelle depuis celle d’Inata laquelle, survenue en novembre 2021, avait fait 57 morts (parmi les gendarmes) et cristallisé les mécontentements au sein de l’armée. Ces derniers ont abouti au coup d’État contre le régime de Roch Marc Christian Kaboré, en janvier 2022. La dénonciation de cet accord de 1961 est intervenue dans ce contexte et alors que le président français Emmanuel Macron annonçait un « nouveau partenariat » avec le continent, en amont de sa tournée en Afrique centrale.
« Rien ne doit vous amener à douter de votre armée… Les peuples du Sahel vaincront le terrorisme », exortait le Premier ministre malien, alors en visite à Ouagadougou. À cette occasion, Choguel Maïga a estimé que les autorités burkinabè subissaient le contre-coup de leur décision de rompre l’accord encadrant la présence de la force Sabre dans le pays. Une étape qu’a également traversé le Mali, a expliqué le chef de gouvernement.
Troisième recrutement de ce type en moins d’un an, le ministère burkinabè de la Défense a annoncé, jeudi 23 février, un « recrutement exceptionnel » de 5 000 militaires du rang devant servir l’armée « au moins cinq ans dans leur région militaire de recrutement ». Ouvert le 28 février, le recrutement s’achèvera le 7 mars et « concerne en priorité les jeunes garçons Volontaires pour la défense de la patrie (supplétifs civils de l’armée) répondant aux conditions ». Les recrues seront déployées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, priorité de l’action du capitaine Ibrahim Traoré.
Teria News