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Ouagadougou plaide pour la création d’une « fédération » avec le Mali

En visite à Bamako, Apollinaire Joachim de Tambela appelle à une fusion du Mali et du Burkina Faso au sein d’une « fédération » pour avoir une « puissance de frappe beaucoup plus décisive ». « C’est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile », a ajouté le Premier ministre burkinabè. Lire la suite de ses propos.

Deux jours de visite d’amitié et de travail. Les 31 janvier et 1er février dernier, Apollinaire Joachim de Tambela s’est rendu dans la nation sœur du Mali pour faire progresser plusieurs dossiers communs, principalement la coopération sécuritaire, mais également pour ressusciter un vieux rêve panafricaniste, celui de l’union des États du Sahel au sein d’une fédération. En plus de corriger le découpage géométrique, dénué de toute considération anthropologique de leurs frontières héritées de la Conférence de Berlin par le rapprochement de peuples frères, l’objectif de Ouagadougou est la mutualisation des forces, non seulement contre les groupes rebelles qui grignotent leurs territoires respectifs, mais également pour peser plus lourd dans les rapports de force géopolitiques. « Tant que nous restons isolés, nous sommes fragiles. Si nous nous mettons ensemble, nous aurons une puissance de frappe beaucoup plus décisive », estime Apollinaire Joachim de Tambela.

L’Union fait la force, surtout au Sahel

Dès son arrivée à Bamako, le Premier ministre burkinabè a mis en avant la fraternité et la filiation entre les régimes de Transition malien et burkinabè, le premier servant de boussole au second. « Le Mali est devenu comme une locomotive en Afrique noire, depuis que le président Assimi Goïta est au pouvoir. C’est une vraie révolution, même si on ne le dit pas. Vous nous avez inspirés au Burkina Faso. Vous avez montré que c’est possible. L’une des raisons qui explique ma visite au Mali, c’est que nous avons constaté que pendant longtemps, nous avons passé le temps à regarder ailleurs, alors que souvent, les solutions sont juste à côté de nous », a-t-il déclaré, avant de développer son projet de fédéralisme sahélien.

« Ce que nos devanciers n’ont pas pu réaliser, nous n’avons pas d’excuse pour ne pas le faire. Nos devanciers ont tenté des regroupements, comme la Fédération du Mali, qui malheureusement n’a pas duré. Mais, ils ont montré la voie. Avant même d’être Premier ministre, j’avais fait des articles et des propositions pour ce que j’appelais la constitution de la Fédération du Sahel […] Le Mali est un grand producteur de coton, de bétail et d’or. Le Burkina Faso aussi produit du coton, du bétail, de l’or. Tant que chacun va regarder ailleurs, nous ne pesons pas tellement. Mais si vous mettez ensemble la production de coton, d’or et de bétail du Mali et du Burkina Faso, ça devient une puissance »

Apollinaire Joachim de Tambela, Premier ministre burkinabè

Une fédération souple pour deux nations pressées

Abordant les échecs passés essuyés par ce projet de fédéralisme, en référence à une éphémère tentative de fédération entre le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin (1959-1960) au moment des indépendances de ces ex-colonies françaises, Apollinaire Joachim de Tambela estime que « les intégrations échouent souvent, à cause des hommes politiques, qui veulent chacun, garder sa chapelle. » « Et nous ne pourrons réellement exister, que si nous regardons dans la même direction », a-t-il poursuivi.

Concrètement, pour optimiser les chances de succès du projet, le chef de gouvernement burkinabè envisage une fédération souple, mais insiste sur une temporalité courte. « Nous pouvons trouver la méthode et la voie, pour aller ensemble, sans risque de dissociation. Nous pouvons constituer une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres. C’est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile », explique-t-il.

Les ambitions du Premier ministre burkinabè ont semblé trouver un écho chez son homologue : « Mon Président m’a dit de lui faire comprendre sa disponibilité pour qu’ensemble, nous regardions dans la même direction. Nous sommes le même peuple, nous sommes dans un même pays », a déclaré Choguel Kokalla Maiga.

Toutefois, si « l’union fait la force », le projet fédéraliste intervient-il au bon moment ? D’aucuns se demandent en effet si la mise en commun de ressources pour vaincre les menaces sécuritaires qui absorbent déjà l’énergie des deux gouvernements respectifs, n’est pas, dans un premier temps, suffisante. De plus, afin de mesurer le degré d’adhésion des peuples malien et burkinabè, ce projet pourrait nécessiter la tenue de référendums dont l’organisation, au Mali comme au Burkina Faso est, à ce jour, rendue difficile par l’instabilité qui trouble les deux États.

Teria News

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