« J’ai déjà rédigé mon testament […] Je suis prêt à laisser ma vie dans ce combat ». Démonstration de force de l’opposant Ousmane Sonko, acclamé par une marée humaine lors d’un meeting du Pastef dimanche, en périphérie de Dakar. Un avertissement lancé à Macky Sall qui lorgne de plus en plus sur un 3e mandat mais aussi, une fin de cycle politique au Sénégal et en Afrique.
Ils étaient au bas mot des dizaines de milliers, 800 000 selon les organisateurs du meeting, à répondre à l’appel du Pastef pour porter la candidature d’Ousmane Sonko à la présidentielle de 2024. En transe devant leur leader, une marée humaine de jeunes a noirci les rues et pris d’assaut balcons et toits (voitures et maisons confondues) de Keur Massar, commune populaire située à l’est de Dakar, pour manifester leur soutien au maire de Ziguinchor.
À un an de l’élection présidentielle et alors que le projet de troisième mandat du chef de l’État se confirme, le leader du Pastef apparait comme le seul à pouvoir défier Macky Sall en 2024.
Coup d’envoi de la campagne présidentielle
« J’ai déjà rédigé mon testament. Hier, à Ziguinchor, je me suis rendu sur la tombe de mon père et j’ai demandé à ma mère de prier pour moi. Je suis prêt à laisser ma vie dans ce combat […] Nous allons nous battre sur le terrain avec Macky Sall »
Ousmane Sonko
Vêtu pour l’occasion d’un ensemble kaki, le ton et la démarche d’Ousmane Sonko étaient martials. Il s’agissait pour l’opposant, d’une part, de mettre les militants du Pastef et ses soutiens au-delà du parti, en ordre de marche dans la perspective de 2024 et d’autre part, de montrer sa détermination à Macky Sall. Le rassemblement du dimanche 22 janvier est peut-être le coup d’envoi de la campagne présidentielle.
De plus, l’énergie mobilisée par ses partisans est une démonstration de force destinée à mettre en garde le président sénégalais contre toute velléité se maintenir au pouvoir après déjà deux mandats successifs. D’ores et déjà, rejouer le coup des législatives de 2022 qui avaient vu la liste commune de l’opposition (coalition Yewwi Askan Wi) retoquée par le Conseil constitutionnel, apparait risqué pour le pouvoir. À moins de vouloir raviver les braises de mars 2021. À cet égard, les accusations de viol dont Ousmane Sonko doit répondre devant la justice sénégalaise ne font que gainer ses soutiens qui, comme un bouclier, entendent à nouveau protéger leur leader de ce qu’ils perçoivent comme une cabale politique destinée à faire barrage à ses ambitions présidentielles.
Fin de cycle politique au Sénégal et en Afrique
Bien plus que le soutien à la figure d’Ousmane Sonko, la ferveur de la jeunesse sénégalaise montre son désir d’alternance, sa soif de changement, mais aussi l’usure du pouvoir de Macky Sall qui, comme une génération de dirigeants africains, arrive en fin de cycle. Au-delà de l’audace démontrée dans ses prises de position face au président sénégalais, c’est en effet surtout le panafricanisme d’Ousmane Sonko qui galvanise la jeunesse. Ainsi, en Afrique, les prochains dirigeants seront panafricains ou ne seront pas.
La vie politique sénégalaise mérite l’attention soutenue de la classe politique sur tout le continent. Les tendances observées à l’échelle nationale font office de mise en garde tant elles préfigurent des conséquences du bouleversement démographique attendu d’ici le milieu du siècle. À l’heure des prémices du boom prophétisé par les scientifiques, la présence de 2,7 milliards d’êtres humains sur le continent, dont une majorité de jeunes cherchant à s’insérer dans la vie active à l’orée de 2050, augure de grands changements politiques, notamment du renouvellement inéluctable de la classe politique. Ce, démocratiquement par les urnes ou par les hommes en kaki, à l’instar des exemples malien et burkinabè.
Teria News