Abdoulaye Diop et le ministre malien de la Réconciliation nationale, Ismaël Wagué en Algérie pour sauver l’accord de paix d’Alger. Signé en 2015, sa mise en œuvre reste difficile. Peut-être la rencontre de la dernière chance pour éviter une reprise des hostilités.
L’avenir du Mali se joue-t-il à Alger ? C’est ce que semble penser les autorités de Transition malienne. Lundi, Bamako a ainsi dépêché Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et son collègue, le ministre malien de la Réconciliation nationale, Ismaël Wagué, en Algérie pour exhorter Alger à jouer un rôle de médiateur dans la crise qui divise les groupes rebelles du nord Mali rassemblés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et l’État central. Gelé par l’accord d’Alger de 2015, le conflit n’en est pas moins réglé, loin s’en faut.
Retrait français et retour de l’Algérie
Marginalisée par la France via son opération militaire Serval de 2013 à laquelle a succédé Barkhane, l’Algérie revient sur le devant de la scène dans la crise malienne, principalement à la faveur de l’échec de la stratégie française et du rejet de sa présence militaire sur le sol malien. En d’autres termes, le vide laissé par l’état-major hexagonal et l’aveu d’échec de Paris permettent à Alger de reprendre la main sur le dossier de l’Azawad. Par ailleurs, le retrait français révèle aussi les limites de l’approche purement militaire aux difficultés rencontrées par le Mali. D’abord politique, l’approche de l’Algérie, forte de son expérience nationale dans le désarmement de groupes rebelles, offre une alternative au tout sécuritaire.
« Nous sommes sortis de cet entretien très encouragés par ce que nous avons entendu. C’est l’occasion de demander à l’Algérie de fournir davantage d’efforts pour rapprocher les points de vue de toutes les parties maliennes afin de regarder dans la même direction. »
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères
Reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, l’entretien s’est, selon Abdoulaye Diop, déroulé avec « beaucoup de franchise et de sincérité », le ministre malien des Affaires étrangères saluant la position tenue jusqu’ici par Alger pour le retour de la paix au Mali.
La paix en péril
Ajouté à la recrudescence des attaques terroristes sur son sol, Bamako doit également faire face à un regain de tensions avec la CMA. Depuis la prise de pouvoir des militaires, les relations se sont dégradées au pont que fin décembre, le Cadre stratégique pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), structure composée de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger et de la Coordination des Mouvements de l’Inclusivité (CMI), a suspendu sa participation aux instances de suivi de l’accord d’Alger « jusqu’à la tenue d’une réunion avec la médiation internationale dans un terrain neutre ». Le collectif reproche aux autorités de Transition leur manque de bonne foi et de volonté politique, notamment de la part du Premier ministre Choguel Maïga.
En difficultés sur plusieurs fronts, Bamako a conscience de l’enjeu des récents pourparlers. Il est question, ni plus ni moins, de sauver la paix avec les groupes signataires de l’accord de 2015.
Teria News