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Nigeria : la présidentielle du 25 février menacée par l’insécurité galopante

Le Nigeria pourrait reporter ou annuler l’élection présidentielle du 25 février prochain. En cause : les multiples et diverses menaces sécuritaires au nord, au sud et au centre du pays. Un réquisitoire contre le bilan de Muhammadu Buhari.

L’avertissement de la Commission électorale (Inec) sonne comme la défaite de la gouvernance sécuritaire des autorités nigérianes lesquelles, avaient pourtant fait de la lutte contre le terrorisme et la criminalité, la priorité de l’action publique. Colosse aux pieds d’argile, potentiellement 5e puissance économique globale à l’horizon 2075, la mise en orbite du Nigeria ne peut aboutir sans que le pays ne parvienne enfin à exorciser ses nombreux démons. Insurrection djihadiste au nord, conflits contre entre éleveurs et agriculteurs au nord-ouest, séparatisme, piraterie au sud et criminalité galopante au centre, le champion d’Afrique est criblé par les menaces sécuritaires de nature aussi plurielles que sérieuses.

Le bilan en berne de Muhammadu Buhari

« Si on ne parvient pas à surveiller et faire baisser l’insécurité, cela pourrait déboucher sur l’annulation et/ou le report des élections dans assez de circonscriptions pour empêcher la proclamation des résultats », a déclaré Abdullahi Abdu Zuru, l’un des responsables de l’Inec, lors d’une rencontre à Abuja. Cette éventualité pourrait alors « provoquer une crise constitutionnelle », d’où la nécessité de l’éviter à tout prix, a-t-il ajouté.

En 10 ans de guerre contre Boko Haram et les différentes factions nées de ses divisions internes, le groupe terroriste continue d’étendre ses tentacules. Alors qu’il s’apprête à rendre son tablier après deux mandats successifs de 4 ans à la tête du pays, la situation sécuritaire du Nigeria accable le bilan de Muhammadu Buhari. Originaire du nord et ancien général, le président sortant s’était posé comme l’homme de la situation. Naturellement, du moins sur le papier, au vu de ses origines et de ses états de services, les premières étant sensées faire de lui un interlocuteur légitime des groupes djihadistes et les seconds, supposés lui garantir un leadership sans entraves sur l’appareil sécuritaire. Mais, malgré des atouts vantés dans la conquête du pouvoir, Muhammadu Buhari aura failli à ses promesses électorales.

Politique monétaire drastique

Pour lutter contre la corruption, parmi les vers qui rongent le champion d’Afrique, et dans un contexte électoral contre l’achat de vote et les fraudes, Abuja a décrété deux mesures radicales. D’une part, un nouveau plafonnement des retraits de liquidités au guichet. Effectif depuis le 9 janvier, ils sont désormais limités à 500 000 nairas par semaine pour les particuliers. D’autre part, le remplacement de tous les billets de banque en circulation d’ici la fin du mois. Outre la lutte contre l’achat de conscience, cette mesure vise également à reprendre la main sur l’argent en circulation dans le pays alors que 80% des billets se situaient jusque-là en dehors des banques. Bien que les Nigérians adhèrent à l’esprit des changements décidés par la Banque centrale, nombreux sont-ils toutefois à grincer des dents. Malgré les critiques, la Banque centrale maintient le cap et menace de sanctionner les banques qui accumulent les liquidités pour les réserver à l’usage de la classe politique.  

En vue des élections générales du 25 février, dix-huit candidats briguent la succession de Muhammadu Buhari, dont Bola Tinubu du Congrès des progressistes (APC, au pouvoir), Atiku Abubakar du Parti démocratique populaire (PDP), et Peter Obi du Parti travailliste (LP). Les élus à l’échelle des états fédérés, comme de l’État central, auront la tâche d’enrayer le cycle vicieux de la violence, de reconquérir les pans de territoire qui, loin des centres urbains, échappent à son contrôle et de réellement amorcer une politique efficace de lutte contre la corruption.

Teria News  

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