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La France prône « l’humilité » dans ses relations avec le Burkina Faso

La France disposée à « faire différemment, dans l’écoute, le respect, l’humilité ». En visite à Ouagadougou, la secrétaire d’État auprès de la ministre française des Affaires étrangères, chargée notamment du développement, Chrysoula Zacharopoulou, montre patte blanche face à Ibrahim Traoré.

Le ton se veut différent. Venue apaiser les relations entre Ouagadougou et Paris, en particulier après que la diplomatie burkinabè a demandé au Quai d’Orsay le rappel de son ambassadeur au Faso, Chrysoula Zacharopoulou place le dialogue entre son pays et le Burkina sous le signe de « l’écoute, le respect, l’humilité ». Le message envoyé par le président Ibrahim Traoré et son gouvernement depuis sa prise de pouvoir le 30 septembre dernier semble avoir été compris par Paris. Désormais, la condescendance, souvent reprochée à Luc Hallade, comme au reste du corps diplomatique français en Afrique dite francophone, devra être conjuguée au passé, du moins dans les rapports entre l’ancienne puissance coloniale et le MPSR 2.

Une nouvelle relation à « inventer »

« La France est en mesure de faire moins ou de faire plus, elle est aussi et surtout capable de faire différemment, dans l’écoute, le respect, l’humilité, car […] c’est une attente qui est exprimée, avec force ici […] Je ne suis venue ici influencer aucun choix ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina » et « nous sommes convenus avec le président Traoré d’avancer ensemble dans cet état d’esprit ».

Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État auprès de la ministre française des Affaires étrangères, 10 janvier 2023

Choisis avec soin, les mots de Chrysoula Zacharopoulou sont destinés à mettre en avant la soumission de la France à la souveraineté du Burkina Faso, peu importe son domaine d’expression. En matière de sécurité, la priorité de l’action d’Ibrahim Traoré, Ouagadougou a opté pour une riposte basée sur des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des milices citoyennes pour lesquelles le Burkina Faso a demandé un appui matériel à la France, notamment en fournitures d’armes. Une demande qui a mis la diplomatie française dans l’embarras.

En ce qui concerne le remplacement de Luc Hallade, Ouagadougou et Paris ont également convenu de manœuvrer dans la concorde. « Les autorités ont demandé de nouvelles voix, de nouveaux visages. Nous sommes convenus de traiter de sujet en bonne entente et dans la forme diplomatique », a déclaré Chrysoula Zacharopoulou.

En attendant plus de précisions sur le sort de l’ambassadeur de France au Burkina, le retrait de la force spéciale Sabre, discuté depuis novembre, semble se confirmer selon des indiscrétions d’Africa Intelligence qui affirme que Paris « a acté le retrait de sa task force Sabre basée à Kamboinsin à Ouagadougou ». Et le journal de préciser que les « 400 éléments des unités spéciales quitteront le Burkina Faso au courant du mois de février ».

Les nouvelles autorités burkinabè ont, sans ambages et à plusieurs reprises, montré leur réticence à solliciter l’aide de la France sur le front de la lutte contre les groupes terroristes. En effet, « la dernière sollicitation (des autorités burkinabè) remonte à juillet 2022 », a confié l’état-major français, ce qui marque une rupture nette entre la gouvernance sécuritaire de Paul-Henri Sandaogo Damiba et celle de son successeur, le capitaine Ibrahim Traoré.

Teria News

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