Avec l’Initiative d’Accra (IA), la coopération antiterroriste ouest-africaine semble renaître des cendres de Barkhane, Takuba et du G5 Sahel. Réunis mardi 22 novembre, les pays membres de ce forum sécuritaire s’ouvrent désormais aux bailleurs internationaux et entérinent la création d’une force multinationale conjointe. Mais comment l’IA peut-elle réussir là où les autres creusets ont échoué ?
Avec la fin de l’opération Barkhane, précipitée par son départ contraint du Mali, l’échec de la task force Takuba, mort-née de l’incapacité de Paris à embarquer ses partenaires européens dans la lutte antiterroriste au Sahel et de la gouvernance des nouvelles autorités maliennes, la mort cérébrale du G5 Sahel depuis le retrait malien et plus récemment, l’hémorragie observée au sein de la MINUSMA suite aux retraits successifs des contingents du Royaume Uni, de la Suède, de l’Égypte, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et bientôt de l’Allemagne, la coopération antiterroriste au Sahel, mais plus largement, dans la sous-région ouest-africaine, est exsangue.
Paradoxalement, le constat est aussi cinglant que la menace est vive. Eteintes par la militarisation à outrance de la riposte antiterroriste, son échec à repousser des attaques toujours plus fréquentes et meurtrières, l’hostilité des opinions publiques contre les forces internationales perçues comme des armées d’occupation néocoloniales et les changements de régimes au Sahel, les coalitions multilatérales contre l’extrémisme violent doivent se réinventer.
On prend les mêmes et on recommence ?
Crée en 2017 par les pays du golfe de Guinée (Ghana, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire) et le Burkina Faso, soucieux de contenir la percée des groupes djihadistes vers les États côtiers de la sous-région, mais depuis rejoints par des États sahéliens (Mali, Niger puis Nigeria en tant qu’observateurs), l’Initiative d’Accra (IA) a, au cours du sommet de mardi, entériné un virage stratégique majeur. En effet, de creuset exclusivement africain, l’IA s’est internationalisée en s’ouvrant à des bailleurs étrangers dont l’Union européenne et le Royaume-Uni, respectivement représentés par Charles Michel, président du Conseil européen et Ben Wallace, ministre britannique de la Défense.
Opposée à l’esprit qui a présidé à sa création, la mue de l’IA serait motivée par des besoins d’appui en termes de financement, formation et renseignement, pour certains. Par un renoncement à déployer des énergies exclusivement endogènes et à s’émanciper de partenaires qui ont pourtant échoué à faire leurs preuves, déplorent d’autres.
Une force multinationale conjointe
Bond en avant de l’Initiative d’Accra et signe de son institutionnalisation, le sommet du 22 novembre a accouché d’une force multinationale conjointe dont l’opérationnalisation devrait se matérialiser dans un délai d’un mois.
« Les chefs d’État et de gouvernement ont pris note de l’engagement des partenaires à soutenir l’initiative d’Accra dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région et ont réaffirmé leur engagement à mobiliser les ressources endogènes nécessaires pour rendre opérationnelle, dans un délai d’un mois, la task-force conjointe multinationale de l’initiative d’Accra. »
Communiqué final
Basée Tamale (Ghana), la force multinationale conjointe de l’IA sera, à terme, soutenue par un contingent de 10.000 hommes (selon le site Burkina 24) et appuyée par un centre de renseignement siégeant à Ouagadougou (Burkina Faso).
Enfin, l’absence du Mali, en froid avec les partenaires choisis par l’IA, a été très remarquée. Pivot, avec le Burkina Faso, de la riposte antiterroriste au Sahel, d’aucun s’interrogent sur les éventuelles conséquences du recul malien sur l’impulsion nouvelle donnée à l’IA.
Teria News