Les victimes du terrorisme en hausse de 324%, selon la MINUSMA. Alors que les populations expriment un soulagement sur le plan des attaques, un rapport de l’ONU accable le bilan sécuritaire de la Transition malienne.
C’est le nouveau chapitre de la guerre de communication que se livrent les autorités maliennes et ses partenaires occidentaux. Entre les communiqués de la Transition faisant état des victoires engrangées par les FAMa, succès par ailleurs largement confirmés par le ressenti des populations, et la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), qui croire ? Selon un rapport de la force de maintien de la paix, le nombre des victimes du terrorisme a connu une hausse de 324% au cours du premier trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent.
Une politique sécuritaire inefficace ?
Dans son rapport trimestriel, couvrant la période du 1er janvier au 31 mars 2022, sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’Homme et au droit international humanitaire au Mali, « Au total, 812 civils (543 tués, 107 enlevés/disparus, 107 blessés et 55 illégalement détenus) ont été directement affectés par les actes de violence (…), ces données représentent une augmentation de 151 pour cent comparativement au trimestre précédent (323 civils affectés, dont 128 tués, 80 enlevés/disparus et 115 blessés) ».
La MINUSMA précise que « la catégorie de personnes tuées est celle qui a enregistré la plus forte augmentation (324 pour cent) » notant qu’« entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, la mission a documenté 449 incidents sécuritaires notamment dans les régions du centre (233 incidents, y compris 74 incidents pour la région de Ségou), Gao (86), Tombouctou (69) et Ménaka (37). »
Par ailleurs, « la période a aussi été marquée par une série d’incidents dans la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, y compris le meurtre d’environ 52 civils mauritaniens », indique le document.
Retour des accusations d’exactions
En plus d’accabler les nouvelles autorités maliennes sur le plan sécuritaire, la MINUSMA enfonce le clou sur le volet des droits de l’Homme, l’autre pomme de discorde, également objet d’une guerre communicationnelle entre Bamako et ses partenaires de l’Ouest. Ces derniers, en rupture avec la Transition malienne depuis son rapprochement avec Moscou, plus précisément depuis le recours à l’expertise russe contre les terroristes qui sévissent sur son territoire, ne cessent de dénoncer des exactions commises par les FAMa et des mercenaires russes. « Durant cette période, la MINUSMA a recensé 812 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire. Ces données documentées représentent une augmentation de 151% comparativement au trimestre précédent. Le nombre de personnes tuées a connu une hausse exponentielle de près de 324%. », avance le rapport.
De plus, la MINUSMA affirme que « les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées à certaines occasions par des éléments militaires étrangers, ont multiplié les opérations militaires de lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre de l’opération Keletigui dont certaines se sont parfois soldées par des allégations graves de violations des droits de l’homme et/ou du droit international humanitaire ».
Après la récente sortie de l’imam Mahmoud Dicko, leader communautaire et figure de la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita, dénonçant « l’arrogance » de la junte et « l’orgueil » de la communauté internationale qui prennent « en otage » un peuple malien en train de « mourir à petit feu », ce rapport de la MINUSMA est un nouveau coup dur pour Bamako. Attendu sur les deux fronts, le gouvernement de Transition n’a pas encore réagi.
Teria News