Elles étaient l’équivalent des Pharaons lorsqu’elles accédaient au trône. Les Reines Candace régnèrent pendant 500 ans sur le pays de Koush. Découvrez l’histoire de ces reines guerrières de l’Antiquité qui chassèrent l’ennemi jusqu’à repousser Alexandre le Grand.
Les Candaces désignaient des Reines guerrières noires ayant dirigé pendant l’Antiquité le Royaume de Koush, délimité par le sud de l’Égypte, le nord de l’actuel Soudan (Nubie) voire jusqu’aux confins de l’actuelle Éthiopie. À l’origine, le titre de Candace « k(n)dke» ou « ktke », désigne « la mère du Roi ». On retrouvera ce titre accolé aux noms des Reines dans les textes africains anciens : « Shanadakheto, Amanirenas, Amanishakheto, Nawidemak… ». Il s’agit en réalité d’une lignée de Reines ayant régné à partir du IIIe siècle avant notre ère et qui se succédèrent pendant près de 500 ans.
Le Royaume de Koush, une société structurée
Le Royaume de Koush était une terre noire et fertile. L’architecture était dominée par de gigantesques pyramides et des temples monumentaux, chaque Reine assurant à la hauteur de sa stature la construction de ses lieux de résidence.
Les Candaces vouaient un culte au Dieu Amon, source de vie. De nombreux temples lui seront dédiés. La société était matrilinéaire, les femmes de hauts rangs comptant pour beaucoup parmi les membres du clergé. Historiquement en Afrique, c’est la Nubie et plus précisément la vallée du Nil qui se veut être à la base des premières sociétés matriarcales.
À cette époque déjà, l’époux d’une Candace est choisi par ses propres soins. La structure sociale se distinguait par une administration efficace, une agriculture prospère doublée d’une écriture ingénieuse et brillante « appelée Méroitique ». La domination de la Candace s’étendait à la fois sur son foyer, les troupeaux dont elle disposait, de même que ses guerriers.
Les Reines Candace étaient détentrices d’un rôle de premier plan dans les affaires publiques. Cheffes de guerre, elles jouissaient de la même liberté que les hommes. Face aux armées ennemies ou à l’envahisseur, à la tête de leurs troupes, elles déployaient des techniques et stratégies militaires de haut niveau. Il y eut plusieurs Candace en Nubie.
Les Candaces, remparts contre l’envahisseur romain
« César-Auguste donna entière satisfaction à la délégation que la Reine Candace lui avait mandatée »
Strabon, géographe grec
En 332 avant JC, la première Candace à marquer l’histoire, fut la Candace Amanishakhéto, fille de la Candace Amanirenas et mère de la Candace Amanitore. Elle mena une rude opposition à l’envahisseur romain.
En effet, en l’an 30 avant notre ère, Octave devint Empereur de Rome sous le nom d’Auguste. Son objectif principal fut la conquête de la terre égyptienne. Une fois assujetties, plusieurs mesures seront prises à l’endroit de ces nouvelles terres, dont l’assignation au paiement de taxes. Il s’ensuivit une révolte des habitants du sud de l’Égypte dénommés les Thébaïdes.
Rome gagna cette première bataille à la suite de laquelle un Gouverneur local fut installé avec pour mission de régner sur la Triacontaschène, le nord de la Nubie cette fois-ci, mais non sans heurts. C’est l’origine de la révolte nubienne. Initié sous le règne du Roi Teriteqas, ce mouvement de protestation sera poursuivi à sa mort par la nouvelle Reine qui lui succéda : Candace Amanishakhéto.
Le mouvement prit corps dès l’an -25. Les habitants de la Triacontaschène profitèrent d’une période où les Romains étaient plutôt préoccupés par le déploiement de leurs légions aux fins de conquérir l’Arabie, pour se rebeller. Candace Amanishakhéto ira au front à la tête de 30.000 soldats. Elle réussit à combattre l’ennemi de reconquêtes en reconquêtes, jusqu’à une totale déroute.
Face à l’Empereur Alexandre le Grand et son armée, la Reine (dite borgne) et ses troupes galvanisées par leur prestigieuse formation militaire, étaient prêtes à engager la bataille. Impassible sur son éléphant de guerre, la Reine attendra, prête à combattre au péril de sa vie. Elle défiera Alexandre le Grand d’avancer et de faire sien son royaume. Les deux armées demeureront des heures à s’observer. Au final, Alexandre abdiqua et fit reculer ses troupes hors du territoire du royaume de Koush.
En l’an -20, elle fit une incursion en Égypte, en pillant toutes les villes sur son passage jusqu’à Éléphantine, une île égyptienne située sur le Nil. Elle finira par accepter un traité de paix signé sur l’ile grecque de Samos, en mer Égée. Dans les écrits du géographe grec Strabon vers l’an 20 avant JC, on peut lire « César-Auguste donna entière satisfaction à la délégation que la Reine Candace lui avait mandatée ».
On relève également la plus célèbre des Candace, Candace Aminatore, celle évoquée par le livre biblique des « Actes des Apôtres » dans ses versets 8 à 27. Ces derniers relèvent la rencontre entre un officier de Candace et Saint Philippe qui le convertit et le baptisa.
La Candace Majaji s’illustra également face à l’envahisseur romain qu’elle tint en respect hors des frontières du royaume de Koush.
Les Reines Candace dans la mémoire collective
Réputées pour leur grande influence, les Reines Candace détenaient un pouvoir que l’on pourrait comparer à tous points de vue à celui des Pharaons d’Égypte. C’est d’abord cela qui en premier lieu suscitera l’admiration des colons européens en quête de territoires à conquérir, les sociétés européennes étant encore, à cette époque, patriarcales. Plusieurs documents, notamment koushites, font référence au courage exceptionnel de ces femmes qui ont parfois régné.
La mémoire collective retient de ces femmes ayant dominé en nombre et en stature, des héroïnes qui témoignent une fois de plus du rôle central des femmes dans l’histoire de l’humanité bien avant notre ère. En mémoire de cette poigne, le prénom « Candace » est aujourd’hui largement répandu à travers le monde.
Maggy Lynn