Front politique contre le redéploiement de Barkhane et Takuba au Niger. Opposition et société civile sont vent debout contre le vote de l’Assemblée nationale en faveur du grossissement des troupes françaises et européennes sur le territoire nigérien.
Ils se considèrent comme « l’écrasante majorité ». Leaders communautaires et d’opinion issus de l’opposition et de la société civile nigérienne forment un front commun contre le redéploiement de contingents de Barkhane et Takuba au Niger, suite à l’annonce de leur départ forcé du Mali. Jeudi, dans une déclaration commune, les partis membres de la Coalition pour une alternance démocratique (CAP 20-21), de l’Alliance des candidats pour le changement (ACC) et du Front républicain pour le changement (FRC) se sont ouvertement démarqués de la décision prise par la majorité des élus.
« Nouer de nouveaux partenariats ne remet nullement en cause notre souveraineté sur le territoire national », avait pourtant affirmé le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou, suite au vote à 131 voix pour et 31 contre le redéploiement des forces étrangères sur le territoire nigérien. Force est de constater qu’il n’a pas réussi à convaincre l’ensemble de la classe politique.
Le souverainisme, une nouvelle ligne de fracture politique ?
« Nous osons espérer que nos partenaires considérés comme des modèles démocratiques et résolument attachés au respect des droits humains, s’abstiendront à engager leurs troupes dans une aventure périlleuse, au risque d’accentuer ce sentiment anti-français, qui a déjà atteint un stade inquiétant auprès des populations africaines et locales »
Coalition de partis d’opposition nigériens
Malgré leur rejet de la décision parlementaire, l’opposition nigérienne ne préconise toutefois pas la désobéissance civile. Elle appelle plutôt « à s’opposer par tous les moyens légaux avec des actions salvatrices » et « les forces vives de la Nation à se tenir prêtes pour des actions légales et permanentes de protestation dont le calendrier leur sera communiqué dans les meilleurs délais ». Il faut dire qu’après la mise aux arrêts de l’ancien ministre nigérien de l’Intérieur, Ousmane Cissé, placé sous mandat de dépôt à la prison civile de Birni N’Gouaré (à une centaine de kilomètres au sud-est de la capitale Niamey) le 8 avril dernier pour son implication présumée dans la tentative de putsch du 31 mars 2021, la prudence est de mise.
À l’aune de la vague de coups d’État qui balaie la sous-région Ouest-Africaine, pour certains symptomatique d’un printemps africain, le brandissement du souverainisme comme marqueur politique relève-t-il d’un opportunisme politique ou assiste-t-on à l’émergence d’une réelle ligne de fracture ?
Souvent recherchée via des positions panafricanistes par des leaders en difficulté sur le continent africain, cette forme d’onction populaire est manipulable. En particulier au vu du potentiel hautement inflammable de la rhétorique souverainiste dans le contexte présent.
Teria News