Qui ne dit mot, consent ? Trois semaines après l’accord sur 3 ans de Transition acté dans la Charte de Transition, la CEDEAO reste muette. Le crime de lèse-démocratie malien, un écran de fumée éventé ?
Entre les 3 ans inscrits dans la Charte de Transition burkinabè et les 4 ans proposés par la délégation malienne aux autorités de la CEDEAO le 9 janvier dernier, il n’y a que 12 mois de différence. Et pourtant. D’un côté, l’offre de Bamako a provoqué l’ire coordonnée de l’organisation sous-régionale et d’une « communauté internationale » très occidentale, de l’autre, l’acte de Ouagadougou laisse les mêmes institutions muettes.
Contrairement à ce à quoi ils nous ont habitué, les chefs d’État de la CEDEAO n’ont convoqué aucun « sommet extraordinaire » ni envoyé de délégation au Faso.
Il convient de se féliciter de la latitude implicitement accordée au processus de Transition endogène dirigé par le lieutenant-colonel Damiba. Ceci dit, à la lumière de cette « mansuétude », comment justifier le maintien de la cascade de sanctions, toutes plus inhumaines les unes que les autres, votées il y a maintenant 2 mois contre Bamako ?
La démocratie, l’écran de fumée qui cache une lutte d’intérêts
Suite à l’adoption consensuelle de la Charte de Transition par les forces vives de la nation burkinabè, la CEDEAO a réagi avec l’annulation d’une visite de haut niveau. « La visite du Président de la République du Ghana, Président en exercice de la CEDEAO et du Président de la République du Niger au Burkina Faso initialement prévue le jeudi 3 mars 2022 a été annulée suite à l’adoption de la Charte de la transition ». La délégation ministérielle annoncée dans le même communiqué n’a pas encore été dépêchée à Ouagadougou. Depuis, plus rien.
Si 3 années de Transition sont acceptables au Burkina Faso, 4 années devraient l’être au Mali, en particulier au regard des défis sécuritaires que rencontre le pays, bien plus épineux que ceux de son voisin.
Le traitement différentiel du Faso et du Mali est un indice tendant à montrer que les militaires burkinabè et maliens ne partagent pas la même vision. Alors que la Transition malienne s’inscrit dans une démarche souverainiste, notamment matérialisée par un renversement d’alliances de l’Occident vers l’Est (Russie) et le Moyen-Orient (Iran), le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) du lieutenant-colonel Damiba ne donne aucun signe de vouloir renverser la table dressée depuis les indépendances. De plus, le deux poids, deux mesures affiché par la CEDEAO accrédite la thèse selon laquelle, c’est bien la détermination de Bamako à choisir souverainement ses partenaires stratégiques et non un crime de lèse-démocratie qui constitue la véritable pomme de discorde entre le Mali, ses voisins et la communauté internationale.
S’il faut saluer l’espace politique laissé aux Burkina Faso, il convient d’appeler la CEDEAO à faire preuve de cohérence en revenant sur le régime de sanctions votées contre le Mali. Ce faisant, l’organisation éteindrait le feu d’indignation allumé le 9 janvier et aiderait les peuples à croire en son indépendance.
Teria News