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Sénégal : Ousmane Sonko dans les starting blocks pour les élections législatives

La prochaine fois que Macky Sall le verra, ce sera pour « la passation de service au palais en 2024 », affirme Ousmane Sonko. À 4 mois des législatives et fort de sa prise de Ziguinchor, le leader du Pastef ouvre les hostilités en vue des prochaines joutes électorales.

La mairie de Ziguinchor, arrachée à la mouvance présidentielle le 23 janvier dernier est une prise de guerre, en particulier après l’affaire Adji Sarr. Il y a un an, Ousmane Sonko avait fédéré tous les mécontents de la République, sortis nombreux dans les artères sénégalaises pour protester contre la vie chère, le manque de débouchés économiques pour la jeunesse, la mainmise sur l’économie nationale des multinationales françaises et les mesures de restrictions sanitaires contre la propagation du Covid-19. En difficultés, le président Macky Sall avait alors pris la parole pour calmer les protestataires.

Anniversaire des émeutes de mars 2021

C’est pour marquer l’anniversaire de cette révolte populaire que le leader du Pastef a pris la parole vendredi 11 mars. Au cours d’une conférence de presse fleuve tenue en wolof, Ousmane Sonko a d’abord rendu hommage aux morts de mars 2021, officiellement au nombre de 13, et rappelé à l’État ses engagements, dont celui d’ouvrir une enquête indépendante sur les circonstances du décès des victimes. Un appel également lancé plus tôt par le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D).

« Nous les avons pris au mot en nous disant qu’ils le feraient [enquête sur les morts de mars dernier, ndlr]. Aujourd’hui, nous constatons qu’ils ne l’ont pas fait. Et si vous avez entendu nos discours, nous disons que ça fait déjà un an. C’est un délai raisonnable. Et nous nous disions que sur une année, le gouvernement avait la latitude pour faire ce à quoi il s’est engagé. Le président Macky Sall a renié sa parole, nous avons attendu pendant un an. C’est un délai raisonnable. Un an sans rien faire, nous allons prendre toutes nos responsabilités »

Cheikh Tidiane Dièye, coordonnateur du M2D, vendredi 11 mars

Victime d’un « complot politique »

De plus, Ousmane Sonko a maintenu sa ligne de défense dans l’affaire Adji Sarr, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres d’un contexte social déjà éruptif. Le dossier est un « complot politique » destiné à faire barrage à ses ambitions présidentielles, a martelé le maire de Ziguinchor. Rappelons qu’Adji Sarr, une masseuse dakaroise, accuse l’opposant de viols répétés lorsqu’il se rendait dans le salon où la jeune femme exerçait pour, selon lui, soigner un mal de dos. L’instruction du dossier est toujours en cours et aucune date de procès n’a encore été fixée.

Sur le plan politique, Ousmane Sonko marque des points. La mairie de Ziguinchor, première ville de Casamance, lui offre une nouvelle plateforme nationale. S’affirmant souverainiste et anti-colonialiste, l’opposant a rebaptisé les rues de sa ville portant les noms de figures de la colonisation française, considérés comme une offense à la « dignité nationale ». Ainsi, l’avenue du Capitaine-Javelier est devenue l’avenue du Tirailleur-Africain ; la rue du Lieutenant-Lemoine, l’axe Thiaroye-44 ; celle du Lieutenant-Truch a été rebaptisée Séléki-1886 ; la rue de France est remplacée par la rue de l’Union-Africaine et celle du Général-de-Gaulle par la rue de la Paix. Hautement symbolique dans un contexte de renouveau panafricaniste, son geste a été salué sur l’ensemble du continent.

C’est sur la même lancée qu’Ousmane Sonko promet, s’il est élu à la présidence en 2024, de « renégocier les contrats avec les entreprises étrangères » réputés léonins. Au-delà du Sénégal, le leader du Pastef a exprimé sa solidarité avec le peuple malien, affligé par les sanctions de la CEDEAO, implémentées selon lui sous l’influence de Paris.

Avec cette sortie, Ousmane Sonko a fait le trait d’union entre les évènements de mars 2021 et un contexte pré-électoral. Dans sa ligne de mire : les législatives de juillet 2022 et la présidentielle de 2024. La prochaine fois que Macky Sall le verra, ce sera pour « la passation de service au palais en 2024 », a-t-il affirmé.

Teria News

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