Guinée : le CNRD accusé de « violations répétées » de la Charte de Transition

Rien ne va plus entre le CNRD et la classe politique. Un collectif de partis accuse les militaires du CNRD de « violations répétées » de la Charte de Transition et menace de reprendre les manifestations populaires.

La tension entre les partis politiques et le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a franchi un nouveau palier mercredi. Le soulagement populaire qui a suivi la prise de pouvoir des militaires le 5 septembre 2021 a depuis laissé place à un profond malaise. Après avoir donné des gages d’inclusion, la gouvernance du président guinéen fait grincer des dents. Mamady Doumbouya gouverne seul, en apprenti autocrate, accuse en somme la classe politique.

Rebaptiser l’aéroport de Conakry « Aéroport international Ahmed Sékou Touré » sans consultation populaire, limoger la garde des Sceaux, installer tardivement le Conseil National de Transition, mais surtout, faire trainer la proposition d’un chronogramme de Transition, 6 mois après son coup d’État, ont sérieusement entamé le crédit politique du CNRD.

Multiples violations de la Charte de Transition ?

Dans une déclaration commune signée mercredi, un collectif formé de 58 partis politiques, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré, a menacé de rompre la paix sociale contre ceux qui « entravent la conduite réussie de la transition ». Les partis reprochent aux militaires des « violations répétées » de la Charte de Transition, principalement à cause de la volonté du CNRD de confier au Parlement la définition du chronogramme de Transition. Or, le collectif estime qu’un calendrier doit être le fruit d’un travail consensuel entre « les forces vives de la nation et le CNRD », ainsi que le prévoit la Charte.

« Force est de constater que la junte s’écarte des règles et des principes de l’État de droit et traîne volontairement le pas dans l’accomplissement des diligences nécessaires au retour à l’ordre constitutionnel »

De plus, le collectif exige plus de transparence, notamment avec la publication de la liste complète des membres du CNRD. Les partis jugent également « discriminatoire, violente et en dehors de toute règle et procédure », la politique de récupération des domaines de l’État engagée par l’exécutif.  

« L’inclusivité et la justice […] ne semblent plus être la boussole » du CNRD, estime le collectif qui appelle à la création d’une juridiction d’exception indépendante pour traiter spécifiquement des crimes commis par l’armée en marge du putsch de septembre 2021.

En l’absence de réponse satisfaisante à ses revendications, les partis politiques annoncent préparer plusieurs recours judiciaires mais aussi des « manifestations pacifiques » et demandent à cet effet au « peuple de se tenir prêt ».

Avant la classe politique, la société civile s’était déjà publiquement distanciée du CNRD. En effet, le 1er mars, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), qui s’était illustré dans la lutte contre le 3e mandat d’Alpha Condé, a menacé de reprendre la mobilisation contre une « transition longue ». Le Front réagissait alors à un document publié sur les réseaux sociaux évoquant une Transition de 4 ans.  

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