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Les États-Unis décrètent un embargo sur les importations de pétrole russe

Les États-Unis interdisent les importations de pétrole et de gaz russe. Washington ne prend pas beaucoup de risques et au contraire, pourrait même en bénéficier. Les pays européens cèderont-ils à la pression américaine ?

Même pas mal !, diront probablement les consommateurs américains. En effet, la part du pétrole russe ne représentait que 8% des importations américaines de brut et produits pétroliers en 2021. Mieux, couplé à un embargo sur le gaz, les américains ne sentiront rien, les États-Unis n’important de toute façon pas de gaz russe.

Un symbole, voire une opportunité

Pour les États-Unis, acter cet embargo sur le pétrole russe est une mesure relativement indolore. Autant pour les américains que pour les russes d’ailleurs, mais potentiellement rentable.  

Politiquement d’abord, une telle interdiction accentue la pression sur les pays européens lesquels, se voient alors décerner un bonnet d’âne dans la politique de sanctions contre la Russie après son agression de l’Ukraine. Washington pourrait alors revendiquer sa position géopolitique d’hégémon (chef militaire dans la Grèce antique, puissance qui dirige sans partage). Le leader du « monde libre » jubile. Le voilà qui montre, une nouvelle fois, la voie aux autres. De plus, sur le plan interne, alors qu’il patine dans les sondages à huit mois des élections de mi-mandat, Joe Biden pourrait récolter de cette mesure des dividendes politiques non négligeables. À défaut de rassembler autour de son projet, le président américain ne va pas se priver de sa chance de rassembler contre Vladimir Poutine.

Economiquement ensuite, si la pression sur les européens produit ses effets, ces derniers seraient contraints de suivre le grand-frère américain, quitte à se tirer une balle dans le pied. Ainsi, soit l’Europe s’affaiblit politiquement sous le poids des accusations d’hypocrisie et de complaisance vis-à-vis de la Russie, soit, elle accepte de couper le robinet russe et de se délester de 40% de ses approvisionnements en gaz et de 30% de ses importations de pétrole. Aujourd’hui premiers producteurs au monde de pétrole, suivis par l’Arabie Saoudite et la Russie, les États-Unis se hâteraient d’ouvrir les bras aux européens pour leur vendre leur gaz et leur pétrole, par ailleurs une catastrophe écologique. En effet, le pétrole américain est un pétrole de schiste, issu de la fracturation hydraulique, un procédé de production extrêmement couteux sur le plan environnemental, mais qui a propulsé les États-Unis et réduit sa dépendance énergétique.

L’Europe face à un dilemme cornélien

Au vu de la faible part en exportations de pétrole et de gaz que représente le marché américain pour la Russie, Moscou ne devrait pas souffrir de ces nouvelles sanctions, mais voit se profiler à l’horizon une tension énergétique avec l’Europe de l’Ouest.

L’Allemagne qui rechigne le plus à rompre son partenariat énergétique avec la Russie, avait fini par suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2, mais seulement sous de lourdes pressions. Même en implémentant le bannissement russe du système de paiement interbancaire SWIFT, Berlin a tenu à épargner le règlement de ses factures de gaz à Moscou… Cèdera-t-elle au chantage de Washington ? L’Union européenne a déjà décidé de réduire ses importations de gaz de deux-tiers d’ici cette année, la Grande-Bretagne, elle, a préparé un plan de sortie totale pour 2022.

Ironie du sort, les États-Unis cherchent à combler le déficit de 8% en besoins pétroliers grâce au Venezuela. Le pays est pourtant placé sous embargo américain depuis la tentative de prise de pouvoir de Juan Guaido contre Nicolas Maduro en janvier 2019.

Teria News

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