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Libye : deux gouvernements pour un pays

Deux gouvernements s’affrontent pour la légitimité du pouvoir. Celui de Fathi Bachagha, Premier ministre élu par le Parlement et celui d’Abdel Hamid Dbeibah qui, malgré la disgrâce refuse de céder de pouvoir. Le spectre d’une nouvelle guerre civile plane sur la population.

Fathi Bachagha est parvenu à rassembler l’Est et l’Ouest du pays, un exploit dans une Lybie en proie à d’intenses luttes fratricides depuis l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi, assassiné par une coalition occidentale en 2011. De plus, l’ancien ministre de l’intérieur fédère les principales puissances régionales impliquées dans le conflit libyen. Mais l’homme de la synthèse doit composer avec le gouvernement d’Abdel Hamid Dbeibah, le Premier ministre au mandat contesté par une partie grandissante de la classe politique libyenne qui, lui reproche son incapacité à organiser des élections en décembre 2021. Or, en tant que Premier ministre intérimaire, l’organisation du scrutin était la principale tâche d’Abdel Hamid Dbeibah, dont le mandat a théoriquement expiré le 24 décembre 2021.

Le conflit de légitimité s’accentue

Mardi 1er mars, un nouveau palier a été franchi dans la rivalité entre les deux hommes. En effet, après sa désignation comme Premier ministre par le Parlement le 10 février dernier, l’institution a approuvé le gouvernement formé par Fathi Bachagha à l’écrasante majorité de 92 voix sur les 101 députés présents. En réponse au vote du Parlement, Abdel Hamid Dbeibah a dénoncé une « fraude évidente dans le décompte des voix », affirmé que « le quorum nécessaire pour accorder la confiance n’a pas été atteint » et que « le gouvernement d’unité nationale […] poursuivra son action et ne tiendra pas compte de ces futilités ».

De deux Premier ministres, les libyens sont désormais écartelés entre deux gouvernements, comme durant la Deuxième guerre civile (2014-2020). D’un côté, celui de la « stabilisation » dirigé par Fathi Bachagha et de l’autre, le gouvernement « d’union nationale », conduit par Abdel Hamid Dbeibah.

« Nous allons prendre le pouvoir à Tripoli par la force de la loi », a déclaré Fathi Bachagha. L’ex-ministre de l’intérieur considère que le gouvernement Dbeibah est devenu illégal et que sa mission est « terminée ». Fathi Bachagha a ainsi appelé au ralliement des forces de sécurité chargées de défendre les bâtiments officiels en activant l’état d’alerte pour « dissuader toute faille sécuritaire », du gouverneur de la Banque centrale, du chef du renseignement, du procureur général de Tripoli et du président de l’autorité de l’Aviation afin qu’il rouvre l’espace aérien fermé depuis mercredi par Abdel Hamid Dbeibah.

Les Nations unies gardent une position médiane et refusent de prendre parti pour qui que ce soit après la paix fragile obtenue fin 2020. Ainsi, la conseillère américaine du Secrétaire général de l’ONU a estimé que « la solution libyenne ne réside pas dans la formation d’administrations rivales ». Stéphanie Williams a proposé de rassembler les deux camps pour écrire une Constitution en prélude à l’organisation d’élections.

Dans ce contexte tendu, d’aucuns craignent une reprise des hostilités avec la mutation d’un conflit politique en un nouveau conflit armé. Cette fois-ci, non plus entre l’Est et l’Ouest de la Libye, mais entre deux figures de la scène politique.

Lire ou relire: Libye, le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah poussé vers la sortie

Teria News

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