Le 7 février 1962, John Fitzgerald Kennedy décrétait un embargo contre l’île de Cuba. 60 ans plus tard, pourquoi cette décision s’est-elle avérée un échec ?
L’embargo américain contre Cuba était une mesure de rétorsion prise en représailles à l’expropriation et à la nationalisation d’entreprises américaines par le nouveau régime castriste. D’inspiration marxiste-léniniste, la révolution cubaine menée par Fidel Castro, chassait Fulgencio Batista, plaçait la « menace communiste » aux portes des États-Unis et défiait l’impérialisme américain.
60 ans plus tard, l’embargo qui visait à étouffer l’économie cubaine pour renverser le régime castriste est un échec. Bien qu’asphyxié économiquement, le Parti Communiste Cubain (PCC), même contesté s’est maintenu au pouvoir, notamment grâce à ses alliés russe et vénézuélien.
« Les sanctions ont eu relativement peu d’effet, l’isolement n’a pas fonctionné », déclarait Barack Obama le 17 décembre 2014. De plus, l’ancien président américain pouvait s’appuyer sur l’opinion de la diaspora cubaine vivant aux États-Unis. En effet, de 2010 à 2016, l’adhésion à l’embargo y a baissé de 56% à 34%, alors que le soutien au rapprochement diplomatique a grimpé de 54% à 72%.
Ce constat d’échec fonda sa politique de rapprochement avec Cuba mais fut combattue par l’État profond américain, puis par ses successeurs Donald Trump et Joe Biden. Le premier a même accentué les sanctions contre Cuba en adoptant une série de mesures comme : l’interdiction des escales à Cuba pour les navires de croisière américains, les poursuites contre les entreprises étrangères présentes sur l’île, les obstacles aux transferts d’argent par les Cubains vivant à l’étranger vers l’île et son inscription sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.
Alors que Joe Biden avait promis de reprendre la politique de rapprochement de Barack Obama dont il était alors le vice-président, le président américain a changé de ton après les manifestations cubaines du 11 juillet 2021 dont les leaders ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Dénonçant la « répression » des manifestations, Joe Biden sanctionne plusieurs responsables cubains. D’aucuns concluraient à un prétexte et à une victoire de l’État profond au logiciel de Guerre-froide.
Pierre Salinger, ancien porte-parole de John Fitzgerald Kennedy (JFK) confia à un magazine américain que cinq jours avant son assassinat à Dallas en novembre 1963, JFK avait demandé à un journaliste français qui se rendait à La Havane de remettre un message à Fidel Castro. En somme, le président américain y reconnaissait que l’embargo était une erreur et appelait son adversaire à engager des pourparlers en vue de la normalisation des relations entre Cuba et son grand voisin. Ironie du sort.
Teria News
