La CEDEAO aurait-elle appris de ses erreurs ? Réunie en sommet extraordinaire sur le Burkina Faso ce jeudi, l’organisation se contente de rappeler à l’ordre les putschistes du MPSR.
Amputée du Mali, de la Guinée et dernièrement du Burkina Faso, la CEDEAO a-t-elle pris note de la chute vertigineuse de sa côte de popularité et du peu de crédibilité qui lui reste? Consciente des critiques qui fusent depuis les sanctions écrasantes votées contre le Mali il y a un mois et de la fracture entre dirigeants et peuples qui s’ensuivit, l’organisation a fait preuve de retenue. Ainsi, les chefs d’État et de gouvernement réunis ce jeudi 3 février à Accra n’ont pas pris d’autres sanctions contre le Burkina Faso après le coup d’État militaire du 24 janvier, selon l’AFP.
Faut-il croire à la manifestation d’un instinct de survie ?
Les dirigeants ont pu craindre d’attiser les tensions dans la sous-région et de creuser le fossé entre la base et son élite, accusée d’être téléguidée par la France, aujourd’hui forcée de temporiser face aux fronts diplomatiques Ukrainien et Malien.
La CEDEAO a demandé à Ouagadougou « l’élaboration rapide d’un chronogramme raisonnable pour le retour à l’ordre constitutionnel », a déclaré lors d’une conférence de presse, le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou. Toutefois, le ton du président ghanéen Nana Akufo-Addo tranche avec la décision collective et pourrait révéler l’entêtement et la surdité de la CEDEAO. « La résurgence des coups d’Etat dans notre région est un sujet de grave préoccupation. Cette évolution remet en cause le mode de vie démocratique qu’on a choisi », a-t-il déclaré en ouverture du sommet, appelant l’organisation à « rester ferme ».
Par ailleurs, l’annonce des sanctions contre Bamako par l’ancien président Kaboré, alors président en exercice de l’UEMOA, est perçue comme un des éléments déclencheurs des manifestations ayant précédé le putsch du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Dans l’imaginaire populaire, se faire le porte-voix d’une CEDEAO à la main lourde, a porté malchance à Roch Marc Christian Kaboré.
La gestion de la Transition Burkinabè est le dossier de la dernière chance pour la CEDEAO, laquelle, empêtrée dans des carcans rejetés par les peuples fait office de tigre en papier. Incapable de faire régner un ordre juste dans la sous-région, elle n’inspire plus ni respect ni crainte, au point de déstabiliser l’Afrique de l’Ouest où les militaires se sentent à nouveau pousser des ailes. En témoigne la tentative de putsch à laquelle le président Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo a récemment échappé de justesse.
En outre, à l’issue de ce sommet, la CEDEAO maintient ses sanctions contre le Mali et la Guinée.
Teria News