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Mali : « La France applaudit des coups d’Etat quand ça va dans le sens de ses intérêts »

« La France applaudit des coups d’Etat quand ça va dans le sens de ses intérêts », « le Mali est puni à cause de ses choix politiques », selon le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Au même moment, la CEDEAO a suspendu le Burkina Faso de ses instances mais sans autres sanctions immédiates. Le signe d’un changement de posture ?

L’annonce par Bamako du report des élections initialement prévues se tenir en février 2022 avait entrainé une série de sanctions. D’abord prises par la CEDEAO le 9 janvier, l’organisation avait été suivie par l’Union européenne (UE). Bruxelles avait en effet annoncé le gel de son aide budgétaire ainsi que des sanctions ciblées contre le Mali. Mais l’UE pourrait faire volte-face et joue l’apaisement face à un gouvernement malien qui n’a jamais perdu son calme.

Ce dégel de la situation est le résultat des pourparlers menés par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et le haut-commissaire aux Affaires étrangères européen, Joseph Borell. Entamées mercredi 26 janvier, l’issue de ces négociations a également été influencée par le coup d’Etat mené au Burkina Faso par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). L’UE semble y avoir vu les limites de la politique de sanctions et de condamnations aveugles.

« On ne peut pas inviter le ministre malien des Affaires étrangères avec des sanctions contre lui », a affirmé Joseph Borell au cours de la 7e réunion ministérielle du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso Niger et Tchad) / Union européenne qui a servi de cadre d’échanges, avant que le général Mahamat Idriss Deby Itno, qui assure la présidence du G5, ne demande son ajournement.

Les relations avec la France s’enveniment

« Ce sont des propos empreints de mépris. Ce sont des propos que je condamne. Je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur », a répondu Abdoulaye Diop aux propos de son homologue français Jean-Yves le Drian sur France 24. La veille, ce dernier avait vivement réagi au retrait danois de la force Takuba exigé par le Mali, en dénonçant une « junte (…) illégitime » qui prend les « mesures irresponsables ». « Nous demandons que Paris nous respecte en tant que pays », a déclaré Abdoulaye Diop.

Alors que la crise entre Bamako et Paris s’accentue, le départ annoncé de 90 soldats danois compromet la Task force européenne Takuba, déjà affaiblie par le retrait suédois et paralysée par le manque d’engouement des pays partenaires. De plus, la fin de Barkhane étant annoncée, c’est tout l’avenir de la présence militaire française au Mali qui est remise en question.  

Toujours au micro de France 24, Abdoulaye Diop a affirmé à cet égard que le Mali « n’exclut rien », bien que la question de la fin de la coopération franco-malienne contre le terrorisme ne soit pas « pour le moment sur la table ». Le ministre malien des Affaires étrangères a par ailleurs estimé que « la France applaudit des coups d’Etat quand ça va dans le sens de ses intérêts », affirmant que ce n’est pas parce que les autorités actuelles sont issues d’un coup d’Etat qu’elles subissent des sanctions, mais que « le Mali est puni à cause de ses choix politiques ». Abdoulaye Diop dénonce ainsi, le « deux poids deux mesures » pratiqué par la diplomatie française.

Répondant à la sortie de son homologue français sur le manque d’égard de Bamako pour les 53 soldats français morts au Mali, Abdoulaye Diop a estimé : « Nous avons tous des dettes de sang les uns avec les autres », rappelant que des maliens et des africains sont morts pour la liberté de la France.

Par ailleurs, Abdoulaye Diop a affirmé que la présence de Wagner au Mali est un mensonge. « La coopération avec la Russie est une coopération historique (…) d’Etat à Etat », selon lui.

La CEDEAO entre sévérité et prudence

Après avoir assumé les sanctions votées contre le Mali dans une note technique publiée jeudi, la CEDEAO, réunie virtuellement ce vendredi, a procédé à la suspension du Burkina Faso de ses instances. Une condamnation à minima qui tranche avec la sévérité employée au lendemain du coup d’Etat malien d’août 2020. L’organisation a de plus demandé la libération de l’ancien président Roch-Marc Christian Kaboré, toujours en résidence surveillée. L’appel envoyé la veille par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba à la « communauté internationale », mais surtout l’effet pervers de la politique de sanctions ont, semble-t-il été entendus par la CEDEAO ? Une prochaine réunion de la CEDEAO devrait se tenir le 3 février prochain.

Teria News

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