À Matéri, des familles frontalières du Burkina Faso se déplacent vers le centre de la localité pour fuir la menace terroriste, accentuée par les attaques de décembre 2021 et l’explosion d’un véhicule de l’armée béninoise sur une mine artisanale, jeudi 6 janvier.
Le village de Koalou ou Kourou, territoire frontalier en litige entre le Burkina Faso et le Bénin, notamment partagé entre Pama (côté Burkinabè) et Matéri (côté béninois), constitue la base arrière des terroristes auto-proclamés « djihadistes ». Dans un premier temps base de repli des terroristes après la perpétration de leurs forfaits sur le sol burkinabè, les populations locales de ces espaces sont désormais l’objet d’une infiltration progressive. Appâtée par des incitations matérielles, l’enrôlement d’une jeunesse désœuvrée et instable fait aujourd’hui de cette zone rurale frontalière le bastion de la menace terroriste contre le Bénin d’une part et le Burkina Faso d’autre part.
Un ballet de patrouilles militaires quadrille désormais de jour comme de nuit le territoire depuis les attaques de décembre 2021 auxquelles ont succédé une stratégie de guérilla, comprenant la pause de mines artisanales sur la trajectoire des véhicules patrouilleurs. Une source originaire de Matéri a confirmé à Teria News le rappel par les habitants de Matéri-centre de leurs proches résidant à Koalou, Tantchani et Porga pour des raisons sécuritaires, ainsi que les enlèvements et meurtres qui s’opèrent régulièrement entre Porga et Natitingou faisant planer sur la tête des paisibles populations la menace terroriste.
Zone réputée touristique car située à proximité du parc animalier de la Pendjari, la situation sécuritaire qui y prévaut met à mal un des piliers de l’économie. Quant aux populations locales, elles craignent désormais de vaquer aux travaux champêtres, celles qui le peuvent se replient vers le centre. Conséquents, les investissements consentis par le gouvernement de la Rupture avec le concours de Afrika Park pour améliorer l’attractivité du parc animalier se trouvent ainsi sabotés.
L’absence de coordination effective entre le Burkina Faso et le Bénin pour venir à bout des terroristes est une faille béante dans la politique sécuritaire des deux pays voisins dont la stratégie de riposte demeure nébuleuse. L’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABEGIEF) est attendue sur ce front pour son expertise sur le fonctionnement de ces espaces et de populations dont la collaboration devrait contribuer à désamorcer cette bombe à retardement.
Teria News