« Bon, finalement vandzou est mieux pour la fête. On dira aux enfants que c’est du cassoulet aux gros grains… » Comment la flambée des prix pousse les ménages africains à tous les jonglages pendant des fêtes placées sous le signe de l’économie de la débrouille.
Visiblement épargné par rapport au reste du monde, le continent africain subit cependant une crise économique des plus dévastatrices dans le sillon d’une la pandémie de Covid-19 qui peine à connaître son épilogue. La flambée des prix touchant les produits de première nécessité comme les denrées locales affole les ménages. De 40 à plus de 200% selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).
« Bon, finalement vandzou est mieux pour la fête. On dira aux enfants que c’est du cassoulet aux gros grains. Sinon comment on peut vendre le cassoulet à 5 mille francs le kilo, c’est cocaïne ? », publie en ligne un internaute béninois. Bien qu’hilarant dans le ton, c’est malheureusement la triste réalité que vivent les populations au Bénin à l’instar des 54 autres pays du continent de Johannesburg à Abidjan.
Qu’est-ce qui peut bien justifier cette hausse vertigineuse des prix sur le marché intérieur ?
Il n’était pas rare de noter une certaine hausse à l’approche des fêtes de fin d’année. Cependant, rarement l’inflation a-t-elle atteint de telles proportions et en l’espèce, bien avant la saison des fêtes.
L’attrait malsain pour les centres urbains, caractéristique de l’exode rurale, la transformation toujours très embryonnaire des matières premières ou encore la préférence des cultures de rente sur les cultures vivrières, pourtant gages d’auto-suffisance alimentaire, sont parmi les causes de cette flambée des prix.
« En Afrique de l’Ouest, les conflits alimentent déjà la faim et la misère. La hausse incessante des prix agit comme un multiplicateur de pauvreté, plongeant des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire et le désespoir. Même lorsque les denrées alimentaires sont disponibles, les familles n’ont tout simplement pas les moyens de s’en procurer — et la flambée des prix met un repas de base hors de portée de millions de familles pauvres qui avaient déjà du mal à s’en sortir »
Chris Nikoi, directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Afrique de l’Ouest, avril 2021
Face à l’évidence du constat, le pouvoir central en République du Bénin prévoit dans son Programme d’action, la revalorisation des salaires de la fonction publique et du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) dans le secteur privé devenu dérisoire, dès 2022.
Dans ce contexte, les extrêmes se côtoient, certaines populations citadines frôlant l’indécence en se soumettant à une tendance fondée sur l’extravagance, la culture du paraître et des contre-valeurs portées par de prétendus coachs et influenceurs via les médias sociaux, mais aussi à travers des shows onéreux à guichets fermés. De la poudre aux yeux face à une crise incisive.
Vivement la production vivrière intensive en fonction de nos besoins internes, le développement à la base, le protectionnisme et la transformation des matières premières sur place et la capitalisation d’un marché continental fort de plus du milliard de consommateurs via la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAF) pour le bonheur de multinationales typiquement africaines.
L’Eveilleur de Conscience panafricaine