« Traitre » scandent les Soudanais qui accusent Abdallah Hamdok d’avoir trahi la révolution de 2019 en redevenant Premier ministre de la junte. Alors qu’il est aussi contesté que les militaires, l’ONU et l’Union africaine appellent la population à le soutenir. Seront-ils entendus ?
Depuis son rétablissement le 21 novembre à la faveur d’un accord fragile avec les militaires, Abdallah Hamdok est la cible des manifestants. Dénonçant un compromis naif avec l’armée, les protestataires qui n’ont cessé de réclamer le retour du pouvoir aux civils depuis le coup d’État du 25 octobre, rejettent un pacte conclu sans leur consentement, comme si de rien n’était et sans sanctions contre les putschistes.
Abdallah Hamdok coupable par association
Quiconque s’associe aux militaires est discrédité. Dès lors, l’autorité civile qui prétend les représenter a perdu toute légitimité. Perçu comme le pantin des militaires au point de perdre le soutien des partis politiques et syndicats soudanais, Abdallah Hamdok est accusé d’avoir trahi la révolution de 2019.
Venant au secours d’Abdallah Hamdok, le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine (UA) ont apporté leur soutien au Premier ministre soudanais. Lors d’un point de presse donné ce jeudi à New York, les deux hommes ont appelé les parties soudanaises à trouver un compromis, et notamment les partis politiques à appuyer le Premier ministre Abdallah Hamdok. Reconnaissant « l’indignation des populations », ils lancent néanmoins « un appel à la contention et au bon sens » et invitent la population à « appuyer le Premier ministre Abdallah Hamdok dans les prochains pas pour que soit possible une transition pacifique vers une véritable démocratie au Soudan ».
Le Premier ministre soudanais semble davantage être le pion de la communauté internationale, utilisé pour donner l’illusion d’exercer un contrôle sur la transition soudanaise, au point mort depuis le coup de force du général Abdel Fattah al-Burhane. Dans un tel contexte, les voix d’Antonio Guterres et de Moussa Faki Mahamat n’auront probablement aucun écho ni aucune influence sur les forces vives du Soudan. Encore moins du peuple Soudanais, jaloux de sa révolution arrachée en 2019 au prix du sang et déterminé à renvoyer les militaires dans leurs casernes.
Teria News