Le second numéro de notre série limitée « Un timbre, une histoire », s’inspire d’un timbre de la République Populaire du Bénin. Daté de 1986, il célébrait les 25 années d’une « fierté africaine », « fleuron » de l’économie aérienne propre à la partie francophone de l’Afrique: Air Afrique. Pourquoi ne fut-elle qu’une gloire aussi fantôme qu’éphémère?
La compagnie ayant vu le jour une première fois en 1926 dans le souci de rationaliser l’exploitation des lignes aériennes des colonies françaises d’Afrique, se mua en « Transafricaine » en 1928. Fin de cette première et brève expérience du nom « Air Afrique ».
En 1961, au lendemain des indépendances donc, la compagnie naquit à nouveau. Basée à Abidjan, elle scella le sort des économies aériennes du Cameroon, de la Centrafrique, du Congo-Brazzaville, du Gabon, de la Côte d’Ivoire, du Dahomey, de la Haute Volta, du Niger, de la Mauritanie, du Sénégal et du Tchad. Ce, à hauteur de 6,54% par pays africains à l’ « ancien colon français » représenté par la Sodetraf (UTA et Air France), détenant 33% du capital et le reste des parts revenaient à un tiers, inconnu au bataillon, dont le premier Directeur général fut le sénégalais Cheick Boubakar Fall (1961-1973).
Le 15 octobre 1961 connut la première traversée aérienne à bord d’un « super constellation » dont « Air France » était propriétaire et « Air Afrique » locataire.
Des variations telles le retrait du Cameroun pour fonder la concurrence interne avec « Cameroon Airlines » en 1971, suivi du Gabon en 1976, n’ont manqué de fragiliser la compagnie « africaine ».
Le manque de volonté politique, la corruption et le clientelisme, pour ne citer que ces maux, ont contribué à la plonger dans une phase difficile, dont la dévaluation du franc CFA en 1994 a assurément été le coup de grâce.
Le plan de redressement piloté par Yves Roland-Billecart, ex numéro un de la Caisse Centrale de Coopération Économique (ancêtre de l’AFD) n’a, sans surprise pu être salvateur, alors même que l’homme était perçu comme le médecin du pavillon panafricain qui ne put échapper à une faillite dont la responsabilité véritable demeure nébuleuse.
Ainsi se conjuga au passé l’aventure aérienne de l’Afrique francophone unie sous tutelle de la métropole coloniale qui bat et rebat les cartes à sa guise.
L’Eveilleur de Conscience Panafricaine