Abdulrazak Gurnah est devenu jeudi 7 octobre, le deuxième écrivain noir africain à recevoir le Prix Nobel de Littérature, après Wole Soyinka en 1986. L’œuvre d’Abdulrazak Gurnah est un contre-récit critique du discours dominant, ignorant, ultra-politisé et déshumanisant véhiculé par les médias de masse sur les réfugiés. Qui est cet auteur confidentiel ?
En choisissant d’honorer une œuvre délicatement tissée autour de l’expérience des réfugiés, l’Académie suédoise consacre un contre-récit encore marginal dans le débat public et attire la lumière sur un auteur confidentiel. Tanzanien natif de Zanzibar, Abdulrazak Gurnah qui s’est lui-même réfugié au Royaume-Uni, a été récompensé pour être «empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents». Son œuvre s’éloigne des «descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde», a estimé le jury.
Composée de 10 romans, l’œuvre d’Abdulrazak Gurnah, dont Près de la mer (2001) et Paradise, se distingue par son point de vue, selon l’Académie. Dans ces textes, les réfugiés ne sont pas les hordes sales et miséreuses lancées à l’assaut des côtes européennes et déterminées à perturber la paix et l’harmonie sociale de l’Occident. «Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides», a affirmé l’écrivainqui appelle à les considérer plutôt comme «des gens talentueux et pleins d’énergie».
Jusqu’à sa récente retraite, Abdulrazak Gurnah était professeur de littérature anglaise et postcoloniale à l’université du Kent, à Canterbury.
Teria News