Fini la FrançAfrique de papa. Le Mali convoque l’ambassadeur français au Mali, mardi 5 octobre, « suite aux propos inamicaux et désobligeants » tenus par Emmanuel Macron contre le Premier ministre Choguel Maïga. Bamako confirme son émancipation d’avec l’ancienne puissance coloniale.
Il faut croire que les choses ont vraiment changé entre le Mali et la France. Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a convoqué l’ambassadeur français au Mali, mardi 5 octobre.
« Ce mardi 5 octobre courant, S.E.M, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a convoqué l’ambassadeur de France au Mali, suite aux propos inamicaux et désobligeants tenus par Monsieur Emmanuel Macron, président de la République française, sur les institutions de la République du Mali »
Communiqué du ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, mardi 5 septembre
Selon le document, le ministre a fait part à l’ambassadeur français de l’indignation, de la réprobation du Mali et de sa protestation contre des propos « regrettables » d’Emmanuel Macron, qui sont « de nature à nuire au développement de relations amicales entre nations. ». « Aussi, le ministre a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur et appelé à une approche constructive basée sur le respect mutuel, en vue de se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel », ajoute le communiqué.
Avec ce geste exceptionnel au regard des relations historiquement asymétriques entre Bamako et Paris, le Mali riposte aux propos tenus par Emmanuel Macron, jeudi 30 septembre, contre les déclarations du Premier ministre Choguel Maïga sur un « abandon en plein vol » et unilatéral du Mali par la France, justifiant que Bamako cherche de nouveaux partenaires et se tourne vers la Russie. A cet égard, Abdoulaye Diop a rappelé la disposition du Mali à construire des relations sincères et concertées, obéissant au principe de non-ingérence et respectant la souveraineté du peuple Malien. En langage diplomatique, il s’agit d’un réquisitoire contre la FrançAfrique, notamment caractérisée par le mépris et la condescendance de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies, ce qu’Emmanuel Macron, malgré ses premiers discours, notamment à Ouagadougou en 2017, loin de conjuguer au passé, n’a fait qu’entretenir, comme le prouve l’ignominieuse Convocation de Pau de janvier 2020.
Les autorités maliennes, qui ne réagissent que cinq jours après les propos du président français, se sont sans doute inspirées du ton musclé d’Alger qui, suite à la charge d’Emmanuel Macron sur la construction mémorielle post coloniale de l’Algérie, n’a pas hésité à rappeler son ambassadeur en France et à interdire aux avions français de Barkhane, le survol de son espace aérien, après avoir convoqué l’ambassadeur français sur l’affaire de restriction de visas.
Il faut croire que le déclin français se poursuit. Autrefois impensable, un pays francophone d’Afrique de l’Ouest, longtemps sous influence française, ose revendiquer le droit de parler d’égal à égal avec la France.
Teria News