Vers un partenariat militaire Russie / États-Unis ? Washington pourrait utiliser les bases russes d’Asie centrale selon le Wall Street Journal. Vladimir Poutine en aurait fait la proposition à Joe Biden en marge de leur rencontre en juin à Genève. Mark Milley, chef d’état-major des États-Unis, a relancé son homologue Russe sur la question. Sergueï Guérassimov ne lui a donné aucune réponse claire sur le sujet.
La proposition est-elle réelle ? Si elle a effectivement été formulée par la Russie lors de la rencontre Poutine-Biden à Genève, elle pourrait rebattre les cartes dans l’Asie centrale, infléchir la dynamique bilatérale historique entre les deux grands rivaux de la Guerre froide, sans oublier qu’elle interrogerait la solidité de l’alliance Russie / Chine. En effet, si une présence militaire américaine sur des bases militaires russes dans la région est présentée comme entrant dans le cadre de la lutte de Washington contre le terrorisme, difficile de ne pas voir qu’elle permettrait aux États-Unis de se rapprocher de la Chine, ou plutôt de la menacer en se campant à ses frontières.
Le Wall Street Journal (WSJ) affirme que la possibilité pour les États-Unis d’utiliser les bases russes d’Asie centrale pour lutter contre le terrorisme a bel et bien été évoquée entre les chefs des états-majors américain et russe, en marge de la rencontre Biden-Poutine de Genève. De plus, toujours selon le WSJ, les membres du Conseil de sécurité nationale des États-Unis ont interprété certaines déclarations de Vladimir Poutine à Joe Biden en juin à Genève, comme une ouverture russe en ce sens. Mark Milley, chef d’état-major des armées des États-Unis, a donc été chargé du suivi de cette éventuelle offre auprès de son homologue russe Sergueï Guérassimov, lors de leur rencontre tenue le 22 septembre à Helsinki. Ce dernier n’aurait ni confirmé ni infirmé. Mark Milley a toutefois qualifié la rencontre de « productive ».
« Quand les leaders militaires de deux puissances communiquent, le monde devient un endroit plus sûr. »
Mark Milley
À Genève, il aurait été question des bases russes du Tadjikistan et du Kirghizistan, afin que les deux puissances gardent un œil sur l’Afghanistan. Mais le Tadjikistan et le Kirghizistan sont aussi limitrophes de la Chine.
Un jeu trouble en Asie centrale
Si évoqué, ce partenariat contredit les positions et alliances traditionnelles des deux pays. En effet, au cours de la même période, la Russie a qualifié d’inacceptable le transfert des troupes américaines d’Afghanistan vers les pays voisins. En août, toujours selon le WSJ, de hauts responsables américains, ont également discuté de l’opposition du président Russe à la présence militaire américaine en Asie centrale après le retrait américain d’Afghanistan.
Par ailleurs, ce partenariat scellé à sa frontière occidentale serait un coup dur pour la Chine, voire un coup dans le dos venant de la Russie. D’autant que celle-ci se voit déjà encerclée par la nouvelle stratégie américaine dans l’Indo-Pacifique avec le pacte anglosaxon AUKUS. À cet égard, la lutte contre le terrorisme, comme souvent, pourrait n’être qu’un prétexte, ici utilisé pour limiter les ambitions chinoises, la Chine étant résolument la nouvelle obsession des États-Unis.
Pour le moment, ni les États-Unis, ni la Russie n’ont réagi à l’article du Wall Street Journal.
Teria News