Chacun a une idée précise d’où il était alors. L’Amérique qui sauve le monde sur grands écrans n’a pas pu se sauver elle-même. 11 septembre 2001-11 septembre 2021 : 20 ans après, les Etats-Unis rendent hommage à ses 3000 victimes. Le monde se souvient avec l’Amérique et s’interroge sur 20 ans de guerre contre le terrorisme, mais aussi de guerre du pétrole soutenue par une série de mensonges d’Etat.
Il y a eu le monde d’avant, puis, le monde d’après. Choc et émotion transmis par des images apocalyptiques. Celles de l’effondrement des tours jumelles du World trade center, de corps piégés par le béton, préférant la chute libre à l’étreinte mortelle des flammes, de la fumée et de l’amiante. Enfin, celles de la première puissance mondiale touchée en plein cœur. Le rappel universel de l’extrême fragilité de nos équilibres, de notre vulnérabilité face à l’incertitude.
Chacun a une idée précise d’où il était alors. Même les plus jeunes ont senti un basculement. L’entrée dans le XXIe siècle. Super-puissance économique, militaire, culturelle grâce à son modèle démocratique et au soft-power redoutable d’Hollywood, l’Amérique qui à elle-seule sauve le monde sur grands écrans n’a pas pu se sauver elle-même en ce 11 septembre 2001. Alors qui le pouvait face à la folie kamikaze de ce qu’on a commencé à nommer le « terrorisme islamique » ? Et puis, pourquoi tant de haine pour ceux qui étaient, une décennie auparavant, les grands vainqueurs de la guerre froide et 45 ans plus tôt le rempart contre l’impérialisme nazi ? L’Amérique s’est réveillée meurtrie et soudainement consciente de la haine que lui porte une partie du monde qui considère le 11 septembre comme le procès de son arrogance.
Le lendemain de l’attaque, l’OTAN déclenchait son article 5 qui dispose qu’une attaque armée contre un ou plusieurs des Alliés est considérée comme une attaque contre eux tous. Surfant sur l’émotion d’une population traumatisée, Georges W Bush a alors tracé un « axe du mal » comprenant un groupe pourtant hétéroclite de pays, accusés de financer le terrorisme et de chercher à acquérir des armes de destruction massive, soit l’Iran, l’Iraq et la Corée du Nord. Le narratif redoutable de la guerre totale contre le terrorisme (War on Terror) est enclenché. Au nom de la riposte, et de la sécurité globale, il fallait contenir la menace terroriste à sa source. Il fallait aussi tirer profit d’une tragédie pour justifier une guerre du pétrole, à coup de mensonges d’Etat, dont la mythique allocution de Colin Powell aux Nations Unies, affirmant, « preuves » à l’appui, que Saddam Hussein cachait des armes de destruction massive.
20 ans plus tard, aucunes armes de destruction massive, un mea culpa en papier de la part de la CIA, une présence militaire américaine en Irak qui participe à l’émergence du groupe Etat islamique (EI), le retrait chaotique et honteux d’Afghanistan où les Talibans, ennemis d’hier deviennent les alliés d’aujourd’hui contre l’EI. Ce départ de l’armée américaine après vingt années d’occupation est sujet à maintes interprétations eu égard au chaos laissé derrière elle avec des Talibans 2.0 tout aussi barbares que leurs aînés. La crainte que peu osent formuler à haute voix est celle d’une résurgence du terrorisme dont l’Afghanistan serait un sanctuaire.
La déception du monde plante le décor de l’inachevé et de la dégradation de l’image de marque de la coalition occidentale, soutient des Etats-Unis dans cette guerre soldée par un sentiment d’abdication, abandonnant les populations ayant cru et soutenu le « renouveau » à leur triste sort, désormais aux mains de leurs bourreaux d’antan.
Teria News