Les intellectuels ont-ils une nouvelle fois trahi le village ? Un temps affilié au Front anti CFA, aujourd’hui réintégré au système, voire « gardien du temple », Kako Nubukpo sème le trouble. Entre dénonciation de « l’Eco-Macron » et validation de « l’Eco-Uemoa », sa démarche et son ouvrage Du franc CFA à l’Eco entretient la défiance entre peuples et élites africaines.
Étant assujetti à un système économique basé sur le dédommagement d’anciens propriétaires d’esclaves, il est clair qu’on ne peut espérer de ce système qu’il soit en faveur de notre économie, voulue souveraine. La morale aurait voulu que l’offense et le dédommagement dans ce contexte soient du côté des opprimés, ayant subi toutes les humiliations possibles, cependant, de façon totalement injuste, elle a tranché en faveur des pourfendeurs.
« Eco-Cédéao » VS « Eco-Macron », quelles légitimité et issue pour les États francophones ouest africains ?
« Nous reprenons en fait un héritage d’indépendance que nous voulons faire aboutir.« , dixit Kako Nubukpo. Espérer parfaire un système biaisé dès le départ, à la solde d’intérêts esclavagistes, renvoie à la nature même de notre « indépendance » qui s’est voulue « octroyée » par le colon, telle une maigre pitance accordée à un festin. Ce qui revient à porter foi en son bourreau afin qu’il abdique de bon cœur à ses intérêts propres pour nos beaux yeux. Quelle naïveté !
« Et puis, il y a la feuille de route de la Cédéao elle même, qui ne veut pas assumer clairement un horizon… Et il y a un vrai enjeu de crédibilité de nos États par rapport au respect des annonces qui sont faites. », déclare le macro-économiste Togolais.
Se retrouver entre africains ayant un destin commun et en quête de souveraineté économique et monétaire, dont une partie très engagée (Zone Monétaire Ouest-Africaine, ZMOA) et la seconde (Uemoa), manipulée par l’ex-colon, prônant des idées et usant de subterfuges contraires à l’émancipation réelle, est en question ici.
« Il y a la feuille de route qui provient des états généraux de l’Eco, que l’université de Lomé a organisés au mois de mai dernier, sur ce que pourrait être le bon Eco, donc l’Eco à 15. », explique Kako Nubukpo. Mais comment comprendre que des états généraux organisés au nom des 15 aient exclu la partie anglophone (ZMOA), de surcroît sous l’initiative unilatérale d’un commissaire de l’UEMOA, sans paraître une usurpation de prérogatives ? Cela renvoie de plus au scénario antérieur du « Conseil de l’Entente » d’antan sous l’égide de la France ayant fait échec à l’option panafricaine et fédérale des indépendances, visant à faire le poids face aux enjeux géostratégiques des ex-colons.
Encore une fois, on utilise une élite aux ordres, des « universitaires francophones » qui, en bons néo-colons prétendent être initiés des questions économiques pour saboter via des manœuvres subtiles, voulues savantes, les initiatives visant à l’émancipation communautaire.
Chantre de la souveraineté monétaire ou agent double ? Tenter de brouiller les cartes en critiquant l' »Eco-Macron » pour promouvoir ensuite un certain « Eco-UEMOA » contre l’Eco légitime de la Cédéao, revient tout simplement à l’analogie « blanc bonnet-bonnet blanc » quand on sait pertinemment que l’Uemoa est un outil aux mains de la France via la BCEAO et le Franc CFA décrié.
En un mot, dialoguer avec les États de l’UEMOA dans la configuration actuelle, revient à échanger avec les intérêts français dans ses « ex-colonies » qui fonctionnent tels des territoires d’outre mer.
L’Eveilleur de Conscience Panafricaine