Espoir pour l’alternance en Afrique. Avec 2,8 millions de voix, le triomphe dans les urnes de Hakainde Hichalema éternel second, est une victoire pour la Zambie et un encouragement pour tout le continent, frappé par le virus du troisième mandat. Mais l’opposition est-elle la réponse ou incarne-t-elle une autre oligarchie ?
Un président sortant battu dans les urnes en Afrique. Un encouragement qui brise une fatalité si bien captée par les mots de Pascal Lissouba qui déclarait qu’en Afrique, « on organise pas des élections pour les perdre » . L’ancien président congolais, décédé en 2020, relevait ainsi la difficulté des opposants à s’imposer dans un système tenu par le clan au pouvoir. L’exemple de la Zambie appuie les jurisprudences Gambienne, Sierra-léonaise, Libérienne, Béninoise et en quelques sortes Congolaise.
« Je déclare Hakainde Hichilema président élu de la République de Zambie en ce 16 août », a annoncé Esau Chulu, président de la commission électorale dans la nuit de dimanche à lundi. Et la victoire de l’éternel opposant, six fois candidat à la présidentielle est sans appel. Hakainde Hichilema bat Edgar Lungu avec 2,8 millions de voix, soit près d’un million de plus que son adversaire. Les deux hommes se faisaient face pour la troisième fois dans un scrutin où la participation a dépassé 70%. Le président sortant lui, conteste l’issue des urnes.
La Zambie étant le premier pays à faire défaut sur sa dette depuis le début de la pandémie de Covid-19, la campagne a été axée sur la crise économique et l’inflation. Le bilan économique désastreux d’Edgar Lungu est accentué par l’influence croissante de la Chine sur le pays, Pékin étant le principal créanciers de la Zambie.
Si l’alternance est un espoir pour l’Afrique, l’opposition en est elle un aussi? Rien n’est moins sûr. Les cas d’Alpha Condé, d’Alassane Ouattara ou encore de Macky Sall, les premiers étant par ailleurs les patients zéros du virus du troisième mandat dans la sous-région Ouest-Africaine donnent l’impression que les opposants sont juste « les mêmes de l’autre côté » et appellent à la prudence. Seule la vigilance du peuple Zambien, l’engagement de sa société civile et l’imposition de mécanismes de reddition de compte pourront maintenir une pression citoyenne sur le nouveau régime.
Teria News