A notre ère où l’Entrepreneuriat représente davantage un phénomène de mode, une tendance cousue d’illusions et de désillusions aussi brutales qu’éphémères, quelle est la marche à suivre pour se prémunir des chocs psychologiques qui en découlent ? Quelle est la part de responsabilité qui revient aux pouvoirs publics ?
Secteur hyper dynamique, l’Entrepreneuriat s’avère la tendance du moment, haranguée à fort renfort de marketing agressif et glamour à l’américaine, poussant de téméraires aventuriers à renier, parfois sans ménagement, le traditionnel monde du salariat.
Les vendeurs d’illusions (formations et coaching en Entrepreneuriat, success stories montées de toutes pièces), oublient souvent de préciser à l’endroit de leurs ouailles, la jungle que cet univers entrepreneurial représente pour les moins endurants et les moins résilients. Le choc du réel fait de nos villes africaines des centres psychiatriques à ciel ouvert où règnent désormais stress, déceptions et accidents cardio-vasculaires…
Après avoir vendu leurs scénarios hollywoodiens, totalement chimériques de l’Entrepreneuriat, tout service après vente devient subitement risqué. Les belles carrosses deviennent citrouilles au lever du jour, coachs, formateurs, harangueurs ou success stories s’étant déjà envolés vers d’autres cieux et proies, après la vente de leurs baratins. « Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute », certes. Mais de là à trouver une complicité institutionnelle, revient à couver une éruption volcanique ou déclencher le tsunami d’une jeunesse désabusée.
Les États africains refilent désormais la patate chaude qu’est la problématique du chômage des jeunes à ces prestidigitateurs, comme pour fuir leurs responsabilités dans la création d’un écosystème favorable à la création d’emploi. Ce, en se cachant derrière des ressources sempiternellement insuffisantes pour financer les innovations, ou derrière les difficultés des jeunes à persévérer face à l’adversité, alors qu’ils sont peu à valoriser l’encadrement et le coaching des candidats entrepreneurs. Les États ont la responsabilité d’assainir cet engrenage de tous les vices et boîtes de pandore.
Le modèle occidental de l’Entrepreneuriat, copié et collé en Afrique, ne saurait favoriser des licornes africaines si notre jeunesse ne se focalise sur l’innovation, en vue de solutionner des problèmes propres au contexte africain.
Il est par ailleurs temps que les investisseurs africains s’intéressent à ce nouveau marché d’innovations en tant que « business angels » ou fonds d’investissement et capitaux risqueurs.Autre avenue: la captation des épargnes de la diaspora africaine via des plateformes de crowdfunding, afin de contribuer à l’émergence de l’Entrepreneuriat sur le continent, ne pourrait que renforcer une culture entrepreneuriale sainement durable.
Enfin, il faut noter que la création d’entreprises durables, de licornes dans le secteur privé, grâce à l’accompagnement des pouvoirs publics via la création de conditions favorables et la juste dose de régulation, participera à générer massivement des emplois car le tandem Employeurs-Employés consciencieux est le ferment du Succès.
Retenons que l’on a autant besoin d’entrepreneurs visionnaires que de travailleurs qualifiés pour tenir le pari de l’Entrepreneuriat africain.
Pour finir, il est primordial dans cette quête, de sacrifier au préalable du développement personnel qui, se doit d’être un style de vie. Une cuirasse psychologique absorbant les chocs inhérents à la réalité entrepreneuriale qui, exigera de tout acteur une résilience à toutes épreuves et une persévérance hors pair dans l’acquisition du graal ou Succès, capable de transcender plusieurs générations lorsqu’on s’arme de discipline.
Avec plus d’un milliard de consommateurs potentiels, autant de ressources exploitables, la plus forte concentration de jeunes au monde, ajouté à la plus large zone de libre-échange (la ZLECA), l’Afrique tient les leviers d’une croissance inégalée, centrée sur elle-même.
L’Eveilleur de Conscience Panafricaine