L’ex-président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a été arrêté et emprisonné mardi soir. À la tête de la Mauritanie de 2008 à 2019, les chefs d’accusation de corruption, détournement de biens publics et blanchiment d’argent pesaient sur lui depuis le 12 mars dernier.
Mardi soir, aux environs de 20 h heure locale, trois agents de police ont fait irruption dans la résidence de l’ancien président Mauritanien, lui injoignant de les accompagner au palais de justice. Suite à un entretien succinct avec les juges du pôle de lutte contre la corruption, Mohamed Ould Abdel Aziz a été placé en détention.
Des ennuis judiciaires après le pouvoir
À peine le fauteuil présidentiel cédé à son successeur, Mohamed Ould Ghazouani, une commission parlementaire chargée d’enquêter sur sa gouvernance est créée en janvier 2020. En juillet de la même année, la commission rend un rapport accablant faisant notamment état de corruption, trafic d’influence, détournements et dilapidations de biens publics ou encore de blanchiment d’argent. Mohamed Ould Ghazouani, qui continue de nier les faits, est inculpé le 12 mars 2021, voit ses avoir gelés le 4 avril, avant d’être assigné à résidence le 11 mai avec une obligation de se présenter régulièrement aux services de police. Les raisons de son incarcération, le 22 juin, sont encore inconnues.
Victoire de l’État de droit
Les déboires judiciaires de l’ancien chef d’État constituent un précédent à l’échelle continentale et remet en cause le statut d’intouchable souvent attaché aux anciens présidents africains. Ce, d’autant que l’actuel président Mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, était son dauphin et fils spirituel. À cet agard, le scénario mauritanien ressemble au scénario angolais où João Lourenço, alias le « coupeur de têtes », mène une guerre contre la corruption dont les premières victimes sont les enfants de son prédécesseur et parrain politique, l’ancien président José Eduardo dos Santos.
Bien que politiquement intéressés, ces exemples sont des victoires de l’État de droit sur l’arbitraire du pouvoir et les privilèges. À l’heure des troisièmes mandats, ils pourraient aussi crisper les chefs d’État africains au moment de soutenir un successeur et accentuer leur réticence à céder le pouvoir.
Teria News