Passage de témoin ce mercredi 16 juin entre Fatou Bensouda et Karim Khan. Entre soupçons de corruption et acharnement contre les Africains, après 9 ans à la tête de la juridiction pénale internationale, le mandat de Fatou Bensouda a achevé de discréditer l’institution.
Ce mercredi, Karim Khan, avocat spécialiste des droits humains qui a récemment dirigé une enquête spéciale de l’ONU sur les crimes du groupe Etat islamique, devient officiellement le troisième procureur général de la Cour pénale internationale (CPI). Ancien avocat de Charles Taylor (ex président du Libéria), Saïf Al-Islam (fils de Mouammar Kadhafi) ou encore Jean-Pierre Bemba, tous trois défendus devant la CPI, le Britannique maîtrise de toute évidence les rouages et méandres de la justice pénale internationale.
Plus que tous, Karim Khan en est conscient. Il hérite d’une institution impopulaire, en particulier sur le continent africain où elle symbolise l’arbitraire du pouvoir et l’ingérence des grandes puissances occidentales.
La CPI, bras judiciaire d’intérêts politiques occidentaux
Que restera-t-il du mandat de Fatou Bensouda ? Après 9 ans à la tête de la CPI, le mandat de l’ambitieuse magistrate Gambienne a discrédité la Cour.
Les procès grand spectacle ayant résulté en acquittements pour l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, et le Congolais Jean-Pierre Bemba, et en non-lieu pour l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, ont révélé les failles d’une juridiction aux procédures aussi lourdes que longues. Mais ce sont surtout les penchants du bureau de Fatou Bensouda pour ces poids lourds de la vie politique africaine et son échec cuisant à démontrer leur culpabilité qui justifient l’inimitié que lui vouent les Africains. De plus, la légèreté des dossiers défendus, en particulier dans le cas de Laurent Gbagbo et son acharnement à faire appel après un désaveu en première instance fonde le procès populaire en partialité contre la CPI et Fatou Bensouda. Le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie ont d’ailleurs déserté la Cour de La Haye.
À ceci s’ajoutent des conflits d’intérêts, le mari de Fatou Bensouda, Philippe Bensouda, entretenant d’étroites relations d’affaires avec Alassane Ouattara.
Dans ce registre, le prédécesseur de Fatou Bensouda et premier procureur général de la CPI avait déjà écorné l’image de l’institution. Une fuite de documents officiels relayés par des médias d’investigation ont mis à jour les pratiques opaques de l’Argentin Luis Moreno Ocampo. Il aurait notamment été chargé par les ennemis de Mouammar Kadhafi de l’accabler judiciairement et de susciter des sanctions diplomatiques contre l’ancien « guide libyen ».
De nouvelles orientations
Devant les critiques, Fatou Bensouda a amorcé, du moins en apparences, une réorientation de la CPI en s’attaquant à deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les crimes de guerre commis en Afghanistan, notamment par les soldats américains, ceux perpétrés par Israël dans les territoires palestiniens et par la Russie en Géorgie, sont les dossiers dont hérite Karim Khan. Des patates chaudes qui ont suscité la fureur des États-Unis. Non partie au statut de Rome instituant la CPI, Washington sous Donald Trump a pris des sanctions contre les responsables de la Cour. Bien que levées par l’administration Biden, l’ouverture du dossier afghan demeure une source de vives tensions avec la CPI.
Bras de fer avec les grandes puissances, blason à redorer, ce mercredi, Karim Khan accepte un mandat aux défis colossaux.
Teria News