Ce lundi, après des émeutes qui ont fait 7 morts en fin de semaine dernière suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko pour « trouble à l’ordre public », le juge d’instruction a décidé de son inculpation et de son placement sous contrôle judiciaire pour l’affaire de viol avec menaces de morts dans laquelle il est cité.
Son arrestation mercredi dernier était la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Une étincelle politique qui a mis le feu aux poudres et déclenché une crise sociopolitique sur fond de profondes tensions et frustrations sociales. Emprisonné pour « trouble à l’ordre public » et « participation à une manifestation non autorisée », la garde à vue du député a été levée dans la nuit de dimanche à lundi. Il a toutefois, selon ses avocats, été contraint de passer la nuit à la section recherche de la gendarmerie nationale.
Placement sous contrôle judiciaire
Suite à sa comparution ce lundi 8 mars devant le Doyen des juges dans l’affaire de viol avec menaces de mort à l’origine de cet engrenage judiciaire, le leader du Pastef a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Il est donc libre de rentrer chez lui. Dans un pays où la jurisprudence Khalifa Sall et Karim Wade a montré que la séparation des pouvoirs n’est qu’une chimère, faut-il y voir un recul du pouvoir face à l’intensité des soulèvements populaires ?
Si c’est le cas, le camp Sonko reste sur ses gardes. Ce d’autant que le leader du Pastef est toujours poursuivi pour « appel à l’insurrection », car une « nouvelle demande de levée de son immunité parlementaire a été formulée », selon ses avocats.
Une accalmie dans la contestation populaire ?
Avant sa remise en liberté, l’opposition et des organisations de la société civile avaient lancé un appel à la désobéissance civile.
Si la libération sous conditions d’Ousmane Sonko ne peut que pacifier le climat social, aujourd’hui, la contestation dépasse le seul cas du député. Difficile de dire si le mot d’ordre sera annulé. En prévision d’une intensification de la confrontation avec les manifestants, l’armée sénégalaise a été déployée à Dakar avec des blindés.
Malgré les critiques, Macky Sall se réfugie dans le silence. Le président Sénégalais est face à un dilemme. En effet, d’une part il est, plus que le ministre de l’intérieur, en tant que Chef de l’État, le seul à pouvoir appeler au calme et rassembler la nation sénégalaise, d’autre part, une sortie publique est particulièrement périlleuse. Macky Sall ayant été désigné par Ousmane Sonko comme l’artisan d’un complot visant à l’écarter de la course à la présidentielle de 2024, une prise de parole pourrait électrifier une frange déjà hostile de l’opinion. Cette partie des Sénégalais n’y verrait que la confirmation d’un face à face et la manœuvre d’un animal politique impitoyable envers ses opposants.
Teria News