Ce mercredi s’ouvre le procès de Paul Rusesabagina, l’opposant au régime de Paul Kagame dont l’histoire a inspiré le film Hôtel Rwanda. Dans cette production hollywoodienne à succès, il est dépeint comme un héros à qui 1200 personnes doivent la vie, après le déclenchement du génocide rwandais en 1994. Mais cette image est de plus en plus contestée à Kigali.
De héros Hollywoodien à présumé terroriste dans son pays. C’est l’histoire émouvante de Paul Rusesabagina, l’homme dont le vécu aurait inspiré la fameuse production hollywoodienne « Hôtel Rwanda ». D’après la fiction mise en scène dans le contexte du génocide des Tutsis en 1994, il aurait agi en héros en protégeant et sauvant 1200 personnes menacées par les soldats génocidaires, dans l’Hôtel des Mille Collines dont il état le manager. Le récit de son humanisme lui a valu une reconnaissance internationale et la Médaille de la Liberté à lui décernée par l’ancien Président américain Georges W Bush.
Un « héros » engagé en politique
S’ensuit son engagement politique avec la création du Parti pour la Démocratie au Rwanda (PDR) et sa coalition avec la plateforme Mouvement Rwandais pour le changement démocratique (MRCD), opposés à la mouvance présidentielle accusée de dictature. Aux antipodes de son image internationale de héros, Paul Rusesabagina est accusé d’implication dans une attaque des Forces de Libération Nationale (FLN), le bras armé du MRCD qui a revendiqué plusieurs attaques dans le sud du Rwanda qui ont fait une dizaine de victimes selon les autorités rwandaises.
Faux semblants et manipulations
Difficile de discerner le vrai du faux devant la lourdeur des accusations et les témoignages divergeants entre ceux qui jurent avoir été sauvés par Paul Rusesabagina et ceux qui le présentent comme un opportuniste guidé par le profit. D’une part, les conditions de son arrestation fin août 2020 à Dubaï, comparables à un enlèvement, en disent long sur les agissements peu orthodoxes du régime Rwandais envers les opposants.D’autre part, la manipulation occidentale qui n’a pas bougé le petit doigt en son temps pour empêcher le génocide rwandais, dont les causes lointaines remontent à la politique de division entretenue par les belges et les français pendant la colonisation de ce pays, jettent le trouble. À cet égard, la publication cette semaine d’un télégramme signé Bernard Émié, alors conseiller d’Alain Juppé (chef de la diplomatie française de l’époque) dans lequel l’auteur, aujourd’hui patron des renseignements français, demande à l’ambassadeur de France à Kigali de laisser s’enfuir les principaux responsables du génocide, étaye la thèse de la complicité de Paris dans la tragédie.
A-t-on monté de toute pièce un héros pour ensuite le retourner contre le pouvoir ?
Faux héros ou campagne de dénigrement contre un opposant politique ? Le procès pour terrorisme présumé à multiples suspens démarre ce 17 Février, avec au banc des accusés le célèbre Paul Rusesabagina et d’autres co-accusés du MRCD.
Teria News