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G5 Sahel: Volte-face d’Emmanuel Macron. Le président français revient sur sa promesse de « réajustement » de Barkhane

Sommet du #G5Sahel: en vidéo conférence depuis Paris ce 16 février, #EmmanuelMacron s’est engagé à « renforcer » l’action de la France à travers #Barkhane, afin de tenter de « décapiter » les organisations affiliées à Al-Qaïda, soit le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et la Katiba Macima.

Plus de « réajustement » de la force Barkhane en vue. C’est même la dynamique inverse qu’a annoncé le chef d’État français ce mardi lors du sommet du G5 Sahel de N’Djamena.

Catégorie opportuniste pour un camp comme l’autre, l’étiquetage « jihadiste » fait autant le jeu des terroristes/rebelles que celui des puissances qui les combattent. Ainsi, pour les forces anti-terroristes, cette catégorie utilisée sans discernement, permet de justifier sa présence militaire en diabolisant un adversaire grâce à une manipulation de l’imaginaire collectif pour lequel il n’y a rien de plus nuisible et redoutable qu’un combattant de guerre sainte. Ce, même si cet adversaire se trouve être un groupe rebelle, dont l’objectif principal est la contestation voire le renversement du pouvoir étatique. Du côté des rebelles, être qualifié de « jihadiste » est une promotion sur l’échelle de la terreur. Une « gratification » qui légitimise de surcroît leur action, parfois purement mafieuse, en lui conférant un verni religieux.

Mais conscient qu’il faut passer à l’étape supérieure, les « jihadistes » se font plus précis pour Paris. Emmanuel Macron dit cibler les organisations affiliées à Al-Qaïda, le GSIM et la Katiba Macina, « dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda jihadiste », et promet « une action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter ces organisations ».

Notons que c’est la France et non un des pays du G5 Sahel qui donne les grandes orientations stratégiques de la force anti-terroriste, un signe de l’inféodation des pays membres à l’ancienne puissance coloniale.

Quid du « réajustement » annoncé en janvier?

Comme cela se dessinait depuis quelques jours, Emmanuel Macron n’a pas évoqué de réduction des effectifs de l’opération Barkhane (5.100 hommes à ce jour), contrairement à ce qu’il a avancé en janvier, après la mort de cinq soldats français. « Dans les mois qui viennent, notre présence militaire au Sahel ne changera pas et nous allons lancer d’autres opérations majeures », s’est-il même dédit. Une volte-face qui pourrait expliquer son absence à N’Djamena.

Emmanuel Macron a par ailleurs salué la décision annoncée la veille par le président tchadien Idriss Déby Itno d’envoyer 1.200 soldats dans la zone des « trois frontières ». C’est « une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel », a-t-il commenté.

Élargir la force G5 Sahel aux pays du golfe de Guinée et accroître le partenariat militaire avec les alliés européens

« La mobilisation internationale en faveur du Sahel n’a au fond jamais été aussi puissante », a défendu Emmanuel Macron à l’adresse des pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, groupe composé de soldats suédois, estoniens et bientôt tchèques, qui marque l’européanisation de l’initiative française.

Outre les alliés européens et onusiens, la France a engagé une offensive diplomatique visant à intégrer les pays du golfe de Guinée (dont le Bénin) dans une force anti-terroriste multilatérale étendue. (Lire l’analyse de Teria Web Media https://www.facebook.com/111113380435151/posts/268251568054664/).

Au-delà de l’aspect militaire, le G5 Sahel appele à un « deuxième sursaut », soit le retour de la sécurité et des services aux populations, en allant à la reconquête de territoires perdus, délaissés par les puissances publiques.

Toutefois, la question de la crédibilité de telles déclarations d’intention se pose pour certains pays de la force. En effet, après 30 ans à la tête de l’État, le président Idriss Deby, l’hôte de ce sommet, vient d’annoncer sa candidature à un 6e mandat et de brutalement réprimer les manifestations contre son maintien au pouvoir.

Enfin, chapeauter une force anti-terroriste multilatérale est pour Paris un enjeu de puissance aux relents néocoloniaux. Le Sahel est « la frontière sud » de L’Hexagone a récemment estimé le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian.

Teria News

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