Le président centrafricain sera reconduit dans ses fonctions sans la participation de la moitié des électeurs, tenus en respect par les groupes rebelles.
En République centrafricaine, un électeur sur deux n’a pas pu participer à l’élection présidentielle qui a permis la réélection de Faustin Archange Touadéra.
Professeur de mathématiques pures de formation, à 63 ans, Faustin Archange Touadéra a remporté 53,92% des suffrages exprimés, selon des résultats publiés mardi par l’Autorité nationale des élections (ANE). Le président sortant était face à 16 candidats, dont l’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé, arrivé deuxième avec 21,01% des voix.
Encore provisoires, ces résultats doivent être validés par la Cour constitutionnelle, déjà saisie par l’opposition qui dénonce des « fraudes massives » et l’abstention contrainte de nombreux électeurs. En effet, un électeur sur deux a été tenu loin des urnes par les menaces d’offensive armée agitées par les groupes rebelle.
Chiffre clé, en particulier dans ce contexte sécuritaire explosif, la participation a été établie à 76,31%. Cependant, elle l’a été sur la base dérisoire de 910 000 électeurs, alors qu’1,8 million étaient initialement inscrits.
Le 19 décembre 2020, une coalition des principaux groupes rebelles s’était engagée à « prendre le contrôle de tout le territoire ». Menace à laquelle le président Faustin Archange Touadéra avait immédiatement répondu en dénonçant une « tentative de coup d’État » fomentée par l’ancien président François Bozizé. Renversé en 2013, sa candidature à la présidentielle avait été invalidée par la Cour constitutionnelle.
Plus de deux semaines après l’annonce de leur offensive, la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) et les autorités affirment que les groupes armés n’ont quasiment pas gagné de terrain. D’importants renforts, composés de casques bleus, de paramilitaires russes et de forces spéciales rwandaises semblent leur avoir fait barrage.
Si la continuité de l’État, aussi failli soit-il, semble assurée en RCA, cette réélection ajoute une insécurité politique à l’insécurité créé par les rebelles. En effet, de quelle légitimité pourra disposer un président réélu par moins de la moitié de la population ? Ceci, de surcroît dans un pays où l’État central n’exerce son autorité que sur un tiers du pays?
Même si les groupes rebelles n’ont pas réussi à faire annuler le scrutin du 27 décembre 2020, ils auront réussi à le tourner en une farce qui ne fait rire qu’eux.
Teria News