Ce vendredi matin, à Bruxelles, Laurent Gbagbo a reçu des mains de deux diplomates ivoiriens (la cheffe de cabinet du ministère des Affaires étrangères, envoyée spéciale d’Abdjan et l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en Belgique) un passeport ordinaire et un passeport diplomatique.
Depuis son arrestation en avril 2011, Laurent Gbagbo s’était vu retirer ses documents de voyage.
En juillet dernier, l’ancien Président avait engagé les démarches administratives nécessaires à l’obtention de ces deux documents. Ses proches ont à plusieurs reprises accusé les autorités ivoiriennes de mauvaise foi, plus précisément, de retarder sciemment la délivrance des passeports.
Le cours des évènements a changé la semaine dernière. Une équipe mobile du ministère ivoirien des Affaires étrangères s’est déplacée à Bruxelles pour procéder à l’enrôlement de plusieurs diplomates et de Laurent Gbagbo.
Pas d’éruption de joie dans le camp Gbagbo
L’ancien Président a déclaré, par l’intermédiaire d’un communiqué lu par son avocate, Me Habiba Touré, que la délivrance de son passeport est un « épiphénomène », tout en saluant « l’acte posé » par les autorités ivoiriennes, qui va dans le « sens de l’apaisement ».
Gbagbo à Abidjan avant la fin de l’année, un geste du régime Ouattara envers l’opposition?
Ses passeports obtenus, Laurent Gbagbo a fait part de son intention de rentrer en Côte d’Ivoire dans le courant de ce mois de décembre. Assoa Adou, le secrétaire général de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), a ainsi été mandaté « pour approcher les autorités compétentes afin d’organiser son retour dans la quiétude, conformément à son statut d’ancien Président de la République », précise le communiqué.
Laurent Gbagbo fait-il toujours corps avec l’opposition, rassemblée sous la bannière du Conseil national de transition ou fait-il cavalier seul? Une chose est sûre, l’ancien Président ivoirien continue d’exiger la libération des leaders politiques et de la société civile qui ont été interpellés après le scrutin présidentiel du 31 octobre, boycotté par l’opposition: « On ne peut pas emprisonner des leaders parce que ceux-ci ont fait valoir leur droit de dire « non » à un troisième mandat inconstitutionnel », défend le communiqué, avant de réclamer un « retour sécurisé des exilés ».
Bien que les braises de la contestation contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara ne soient pas éteintes, cette accélération voulue par le régime ivoirien pousse à plusieurs conclusions. D’une part, ce dernier s’estime hors de portée de Laurent Gbagbo, perçu comme une menace avant la présidentielle du 31 octobre. D’autre part, le régime est contraint de donner des gages d’ouverture à la communauté internationale. Enfin, le Président Ouattara a besoin de Laurent Gbagbo pour pacifier le climat socio-politique, et peut-être prendre part, sinon à un gouvernement d’union nationale, du moins à un gouvernement d’ouverture.
Teria News