Les autorités ont décrété un couvre-feu de 24h00 à Lagos, aussitôt bravé par les protestataires mardi soir. Le bilan reste incertain. Trop tard? La dissolution, le 11 octobre dernier, de la Brigade spéciale de lutte contre le vol (SARS), qui a cristallisé les protestations après la diffusion d’une énième bavure résultant en la mort d’un homme, n’y aura rien fait.
En réponse aux violences qui ont émaillé les manifestations, les autorités ont décrété un couvre-feu à Lagos. Cela n’aura toutefois pas suffi à bouter les manifestants hors des rues de la capitale économique nigériane. Ils étaient en effet nombreux à braver ce décret, et ont été brutalement dispersés par la police mardi 20 octobre. L’ONG Amnesty international fait état de plusieurs morts.
Des violences policières à la mal-gouvernance
C’est une histoire des mobilisations sociales qui se répète. Les gouvernants, à l’instar des autorités nigérianes, adoptant un certain déni de réalité, ont tendance à minorer l’importance d’un mouvement portant des revendications limitées. Face à ce silence et nourri par des années de frustration, le mouvement prend de l’ampleur et s’engage sur une voie de non retour. Quand les autorités s’en rendent compte, c’est généralement avec un temps de retard. Le mouvement a déjà pris une autre dimension. D’une action spécifique, il est passé à une mobilisation à laquelle se sont agrégés d’autres griefs et revendications. Signe de ce déni, un responsable des relations publiques de la police nigériane, Jimoh Moshood, a accusé les militants d’être des « criminels ». Silence de la présidence depuis une semaine.
Le Nigéria et le mouvement anti-SARS en est l’exemple le plus récent. Ici, au delà de la brutalité policière, s’est ajoutée une protestation contre la mal-gouvernance qui se traduit aussi par un mouvement anti-Buhari. Une tribune pour une jeunesse qui s’estime ignorée par le pouvoir.
Une brigade habituée aux bavures
Le Nigéria et le mouvement anti-SARS en est l’exemple le plus récent. La dissolution de la Brigade spéciale, le 11 octobre, fut une réaction tardive et insuffisante, d’autant plus que les agents qui y servaient seront redéployés. Ces agents sont accusés de cibler les jeunes en grande partie en se basant sur leur apparence, de monter des barrages routiers illégaux, d’arrêter et fouiller sans mandat les nigérians, de les extorquer, ou encore de violer des femmes.
Les violences ont donné naissance à une campagne sur les réseaux sociaux, principalement Twitter, avec le succès des hashtags #EndSARS, #EndSARSNow ou #EndPoliceBrutalityInNigeria.
Teria News